Les toiles de Crépy-en-Valois dans l'Oise fait partie des premiers cinémas fermés en France dès début mars. Depuis le début du confinement, il a perdu près d'un tiers de ses entrées annuelles. Même chose au ciné St Leu à Amiens.
Les allées du cinéma de Crépy-en-Valois dans l'Oise sont désespérément vides. Pas d'odeur de pop-corn dans les couloirs ni de billets usagés traînant sur le sol. Pas de bandes-annonces de films qui tournent en boucle sur les téléviseurs installés aux murs. Pas de nez en l'air pour vérifier sur les écrans d'accueil s'il reste des places à la séance souhaitée. "Un crève-coeur", pour son directeur Frédéric Lesne.
Un cinéma au coeur du premier cluster
Comme tous les autres cinémas du département, le cinéma Les toiles est fermé depuis début mars. Et bien avant le début du confinement, l'établissement, au cœur du premier cluster du coronavirus en France, avait déjà du s'adapter à la crise sanitaire : début mars, le préfet de l'Oise avait interdit les rassemblements. Si les cinémas et théâtres n'avaient pas été tenus de fermer, ils ne devaient pas dépasser 50% d'occupation par salle et les spectateurs devaient occuper une rangée sur deux. "Du jour au lendemain, on a vu notre fréquentation divisée par deux ou par trois après le premier décès dû au codiv-19, se souvient Frédéric Lesne. Dès la deuxième quinzaine de février, nous avons été impactés par la situation sanitaire alors que les cinémas ont été officiellement fermés le 15 mars. Le cinéma de Crépy-en-Valois a été malheureusement précurseur dans ce cauchemar qui nous touche tous".
Les blockbusters, plus indispensables que jamais
À quand la première séance ? Frédéric Lesne espère pouvoir accueillir à nouveau du public mi-juin mais dans quelles conditions ? Avec cette période de confinement, il estime une perte de 40 000 entrées sur les 150 000 que le cinéma réalise chaque année. Autre casse-tête à résoudre : avoir des films à proposer. De nombreux distributeurs ont reporté parfois d'un an la sortie de leurs grosses productions. Alors difficile de se projeter : "à quel moment les films vont pouvoir être redistribués et redatés ? Notamment pour juillet et en août qui est la période du cinéma américain, la question est de savoir ce que les majors telles que Dysney, Warner et compagnie vont pouvoir nous mettre à disposition, s'inquiète Frédéric Lesne. La période d'été est une période très particulière en terme de cible de public parce qu'on est sur du grand public avec essentiellement du cinéma américain."La VOD au secours des cinémas
Au ciné St Leu à Amiens, même ambiance de calme profond. Boris Thomas, son directeur, a cependant trouvé le moyen de garder le contact avec les spectateurs. Une partie de sa programmation est proposée en lien avec une plateforme VOD. Un site qui reverse équitablement des droits entre exploitants, producteurs et distributeurs des films proposés.On peut même y trouver des films qui sortaient à peine au moment du confinement et qui ont été "écrasé" par la fermeture. Ils ont obtenu une dérogation du CNC pour sortir plus tôt en vidéo."C'est un système qu'on avait déjà approché il y a quelque temps et on a vu dans cette fermeture l'occasion de le mettre en route pour pouvoir continuer à proposer des films qu'on aime aux spectateurs, explique-t-il. Mais financièrement, ce n'est pas ça qui va compenser les pertes en entrées qu'on aurait eues en mars/avril et plus généralement au printemps."
Une offre que le ciné St Leu continuera de proposer une fois le confinement terminé : "c'est totalement complémentaire de ce qu'on propose en projection, explique Boris Thomas. Ca permet une offre globale".
Une reprise en douceur
Selon l'Acap cinéma, le Pôle image de la Région Hauts-de-France, les cinémas perdent chaque semaine 86 millions d'euros de recettes.Pour la suite, le directeur des Toiles de Crépy-en-Valois ne se fait pas d'illusions : il sait que la reprise sera "très douce. Mais si les films des majors américains des majors sortent bien en juillet/août, on pourrait retrouver une fréquentation acceptable sur la période d'été. Mais un retour à une activité normale ne sera pas selon moi avant le mois d'octobre 2020." Un retour à la normale aidé par les dispositifs scolaires et les séances alternatives que sont les retransmissions en direct d'opéras, de ballets ou de spectacles d'humoristes et qui démarrent à l'automne.
Même sentiment du côté du ciné St Leu : "c'est sûr qu'après plus de deux mois de confinement et au début de l'été, les gens auront d'autres envies que de se ruer dans des salles de cinéma, avoue Boris Thomas. On sait que ça va mettre un certain temps. Ce ne sera pas avant l'automne".
Selon une enquête récente relayée par le magasine web Le film français, aller au cinéma est la deuxième activité qui manque le plus aux Français.