Eau du robinet contaminée aux PFAS : une étude révèle des taux élevés à Amiens et Lille

UFC-Que Choisir et Générations Futures ont publié ce jeudi 23 janvier une étude montrant la présence massive de polluants éternels dans l'eau du robinet. Parmi les trente communes testées, Amiens et Lille affichent des taux particulièrement élevés de PFAS, dont le fameux TFA.

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Après les cours d'eau, ce serait au tour de l'eau potable d'être largement contaminée aux polluants éternels ou PFAS (substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées). C'est en tout cas ce que révèle l'enquête conjointe d'UFC-Que Choisir et Générations Futures réalisée dans près de trente communes dont Amiens et Lille et publiée ce jeudi 23 janvier.

"On a effectué les tests de l'eau du robinet dans notre bureau à Paris, donc pour tout vous dire, ça nous a fait bizarre de voir des taux aussi élevés, même si on s'attendait à dépasser les seuils", admet François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

Utilisées depuis les années 1950 par les industriels, les PFAS sont exploitées pour leurs propriétés particulièrement intéressantes. On les retrouve donc dans les poêles antiadhésives, les vêtements imperméables ou certains emballages alimentaires. Problème : elles sont aussi impossibles à détruire d'où leur surnom "polluants éternels" et se retrouvent désormais très largement dans les milieux naturels et notamment... dans l'eau du robinet.

Malheureusement pour nous, ces substances ont également des effets délétères sur la santé d'après des études qui se sont multipliées ces dernières années. En effet, l'exposition à ces substances serait déjà associée à une douzaine de maladies comme l'endométriose, le diabète ou encore certains cancers.

Taux élevés pour Amiens et Lille

De juin à novembre 2024, UFC-Que-Choisir et Générations Futures ont effectué des prélèvements dans trente communes, en recherchant la présence de 33 PFAS différents. À première vue, si l'on applique les normes françaises, aucun seuil n'est dépassé. Mais justement, c'est bien de là que vient le problème. Le seuil français, de 100 ng/l pour 20 PFAS, est selon les deux associations, bien trop laxiste.

Six communes sur 30, dont Amiens, dépassent le seuil américain (prévu pour 2029) de concentration de PFAS. © Générations Futures / UFC-Que-Choisir

En effet, en appliquant le seuil américain (prévu pour 2029) de 4 ng/l de PFOA et/ou PFOS, on constate cette fois que six communes ne passent pas le test, c'est le cas d'Amiens avec 5 ng/l en PFOS. En appliquant le seuil du Danemark, 2 ng/l pour la somme de 4 PFAS (prévu pour 2026), ce sont cette fois la moitié des communes - c'est le cas de Lille - qui sont concernées par un dépassement.

"La contamination aux PFAS est extrêmement diffuse et on en retrouve un peu partout, mais pour expliquer les zones de fortes concentrations, on peut relier ça à des zones très industrialisées", explique François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

La moitié des communes testées, dont Lille, dépassent le seuil du Danemark (prévue pour 2026) de concentration du PFAS. © Générations Futures / UFC-Que-Choisir

Le TFA, un PFAS qui passe sous les radars

La nouveauté de cette étude réside dans les résultats concernant le TFA. Cette substance a été détectée dans 24 des 30 prélèvements et dans 66 % des échantillons, sa concentration excéderait la norme européenne applicable aux pesticides. À Lille par exemple, sa concentration est de 290 ng/L.

La France est en retard sur ces questions, elle n'a pas la même ambition que d'autres pays.

Pauline Cervan, toxicologue et chargée de missions scientifiques pour l'ONG Générations futures

Des résultats d'autant plus préoccupants que cette substance n’est pas recherchée dans les contrôles réglementaires en France, ce que déplore Pauline Cervan, toxicologue et chargée de missions scientifiques pour l'ONG Générations futures : "La France est en retard sur ces questions, elle n'a pas la même ambition que d'autres pays. C'est le cas surtout pour le TFA, il n'y a aucun suivi, rien n'est fait. Il faut absolument établir une norme pour, en se basant sur les études toxicologiques."

Selon les dernières études justement, le TFA serait toxique pour le foie et néfaste pour la reproduction. La source majeure de contamination étant l'utilisation de certains pesticides en agriculture, les associations insistent pour revoir la réglementation de ces derniers.

Faut-il arrêter de boire l'eau du robinet ?

Alors que faut-il faire ? Boire de l'eau en bouteille ? Ce n'est pas ce que suggère Pauline Cervan : "Malheureusement, il n'y a pas de solutions miracles pour les consommateurs. L'eau en bouteille n'échappe pas aux contaminations aux PFAS et c'est encore plus dur à contrôler. C'est pour ça qu'il est important de mettre la pression sur les pouvoirs publics qui peuvent faire bouger les choses", estime Pauline Cervan.

Avec cette étude, UFC-Que-Choisir et Générations Futures demandent en effet aux autorités sanitaires françaises d’appliquer un "principe de précaution" en renforçant les contrôles sur les rejets industriels et en interdisant les pesticides classés comme PFAS. Ils souhaitent également interpeller les parlementaires qui auront à voter une proposition de loi sur le sujet le 20 février prochain.

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