Alors que les températures sont négatives, les élèves de la Cité scolaire d'Amiens étudient dans le froid depuis des semaines. Ce matin du 13 janvier, ils refusent de rentrer en classe et exigent que l'on trouve des solutions.
Il fait -1°C ce matin du 13 janvier et pourtant les élèves de la Cité scolaire d'Amiens ne veulent pas rentrer en classes. Ils attendent avant les portes de leurs lycées, emmitouflés dans des couvertures de survie. Une tenue qui change peu des autres jours puisque leurs établissements ne sont plus chauffés. Le problème date de 2020. Il s'aggrave au fils du temps.
Sandrine Thirard est élève en BTS. Elle incite élèves, parents et passants à signer une pétition pour demander à ce que le chauffage soit réparé rapidement : "Que ce soit à Edouard Branly, Edouard Gand ou Thuillier, tout le monde en a marre".
Étudiants et professeurs excédés
Dans les classes, les cours s'adaptent au fur et à mesure de façon anarchique : "Certains sont obligés de garder leurs manteaux à cause du froid, d'autres profs ne veulent pas laisser les élèves garder leurs manteaux et puis d'autres nous avertissent sur le fait qu'il y a une température en dessous de laquelle on n'est pas censés travailler".
Ces établissements comportent aussi des internats dont certains ne sont plus chauffés. "Il y a un internat où il n'y avait même pas de chauffage d'appoint et dans les salles de classe la moitié des chauffages sont hors service. Moi, j'ai des cours dans des salles à 6°C, raconte Alycia Gravelotte, élève en classe de 1ʳᵉ. Une partie des élèves a été relogée dans les chambres encore chaudes, mais certains ont aussi dû rentrer chez eux faute de solution."
Au-delà des problèmes logistiques qui découlent du froid, certains enseignants, comme Pascale Decaluwe, déplorent un frein à l'apprentissage : "On nous explique qu'il n'y a pas de moyens pour remplacer les radiateurs qui explosent donc les élèves travaillent dans des conditions particulièrement difficiles et pénibles. Et puis, on passe un quart d'heure par cours à expliquer que ce n'est pas notre faute. Et c'est au détriment des heures d'apprentissage".
Les élus mobilisés
Aux côtés des principaux concernés, des élus se mobilisent. C'est le cas de Rémi Cardon, sénateur de la Somme (PS), qui a lui-même été élève de la Cité scolaire. "J'ai analysé les délibérations des dotations de la région et il me semble qu'il y a plus de 12 % de baisse pour les lycées. (...) Si on en croit les investissements qui sont nécessaires pour avoir un chauffage régulier et correct, je pense qu'il est important de se mobiliser. Les élèves ne demandent pas un chauffage exorbitant, ils demandent des conditions dignes pour travailler."
12°C (DOUZE!) dans les classes avec même 0°C dans certaines salles !
— Zahia Hamdane (@ZahiaHamdane) January 13, 2025
Comment peut-on imaginer enseigner et apprendre dans de pareilles conditions !
Vous avez bien dormi M. @xavierbertrand ? Parce que les élèves de l'internat non. 🥶#Amienshttps://t.co/yZqmQYIqdH
François Ruffin, député de la Somme, était sur place aussi. "Si c'était l'hôtel de région ou l'Assemblée qui était à 11°C, je peux vous assurer que les élus auraient décidé de mettre des millions dedans pour que le bâtiment soit bien chauffé. Le minimum, c'est de faire pour vos enfants ce que vous feriez pour vous-même", dénonce-t-il.
La Région "mobilisée pour régler cette situation"
Responsable des lycées, la région des Hauts-de-France se dit : "consciente que les températures trop basses, constatées dans certains espaces de la Cité scolaire, ne garantissent pas des conditions de travail et d'apprentissage correctes pour les élèves, les enseignants et les personnels". Elle assure être "mobilisée pour régler cette situation".
Laurent Rigau, vice-président en charge de l'éducation et des lycées, affirme qu'"il envisage le remplacement de tout ou partie du réseau, même si tout ne pourra pas être fait d'un seul coup". Il indique également que 50 radiateurs sont changés tous les mois et qu'un bilan de la situation a été effectué.
Sur place mardi 14 janvier, il a annoncé mettre en place "des moyens humains : 5 techniciens supplémentaires, ensuite on va mettre des clarificateurs. Les radiateurs se remplissent de boue due à la vétusté du réseau, donc il faut désembouer et les clarificateurs vont le faire industriellement, explique-t-il. J'ai demandé qu'on ait des actions concrètes dans les 10 jours, je vais demander les températures chaque jour pour que l'on puisse avoir des températures acceptables."
Il indique par ailleurs que "l'internat sera une priorité". "Ce n'est pas acceptable pour nous d'entendre que des lycéens soient dans des chambres sans chauffage", affirme-t-il.
Avec Corentine Sellies / FTV