La préfecture de la Somme annonce l'ouverture de 50 nouvelles places d'hébergement d'urgence pour les familles, dans trois municipalités du département. Elles seront ouvertes progressivement jusqu'au mois de mars. Sur le terrain, deux associations déplorent le manque d'information et des familles toujours à la rue.
Depuis la fin du plan grand froid, plusieurs familles sont de retour à la rue à Amiens. Le 30 janvier, la préfecture de la Somme publie un communiqué dans lequel elle annonce la création de nouvelles places en hébergement d'urgence dans l'ensemble du département. "(...) Une ouverture progressive s'étalant sur le premier trimestre 2025 de la manière suivante : 20 places en janvier, 20 places en février et 10 en mars."
"Tous les soirs, on prend en charge au moins deux ou trois familles, sur nos budgets, constate pour sa part Martine Tekaya, présidente de l'association Femmes solidaires. On est le 31 janvier, elles sont où ces places ? Le 115 n’a pas l’air de savoir non plus, quand ça ouvre, où ça ouvre."
D'après le service de communication de la préfecture, toutes les places ouvriront en réalité "au compte-goutte, jusqu’au mois de mars, c’est au fur et à mesure que le gestionnaire récupère les logements auprès des bailleurs." Le gestionnaire en question est l'association APREMIS. Tous ces hébergements d'urgence seront destinés aux familles.
Des places réparties dans le département
35 places sont prévues à Amiens, 10 à Abbeville et 5 à Péronne. Contactées ce vendredi 31 janvier 2025 dans l'après-midi, RESF et Femmes solidaires étaient encore dans l'attente d'informations. Les associations déplorent unanimement la fermeture des 50 places ouvertes dans un gymnase dans le cadre du plan grand froid.
Sybille Luperce tient une triste liste : celle des familles sans solution, pour lesquelles RESF tente chaque soir de trouver un toit, à l'hôtel où chez des particuliers solidaires. "Depuis la fermeture du gymnase, on a mis tous les soirs des familles à l’abri : le 22 janvier, trois femmes et 6 enfants, le 23, 4 femmes et 7 enfants, le 24, c’étaient 3 femmes et 10 enfants, le 25, 4 femmes et onze enfants, les 26 et 27, 4 femmes et 11 enfants, mardi 28, c’était 5 femmes et onze enfants, mercredi 29, 4 femmes et 7 enfants et hier, jeudi, c’était 3 femmes et un papa seul, 5 enfants au total" détaille Sybille Luperce.
"C’est étonnant de faire une annonce qui n’est pas suivie d’effet, ce soir, la situation reste la même, nous allons devoir mettre des familles à l’abri" continue la responsable associative. Elle se dit choquée par la fin du communiqué préfectoral, qui indique "Le préfet confirme que tous les moyens sont quotidiennement mobilisés pour répondre aux deux priorités en matière d'hébergement d'urgence (...)", c'est-à-dire la mise à l'abri des femmes et la protection face au grand froid.
"Vu que nous, on doit mettre à l’abri plusieurs familles tous les soirs, pour nous, tous les moyens ne sont pas mobilisés, on le constate", déplore-t-elle. Même si elles regrettent le manque d'informations précises, les associations saluent toute ouverture de place d'hébergement, car le financement de nuitées hôtelières pour mettre à l'abri les enfants a aussi de lourdes conséquences sur leurs budgets. Avec le retour du froid, elles espèrent la réouverture du gymnase.
Ces places pérennes supplémentaires viennent s'ajouter aux 50 ouvertes en novembre 2023 dans un bâtiment d'Amiens qui devait être détruit, mais a finalement été pérennisé : les familles sont hébergées là pendant une semaine, puis doivent à nouveau solliciter le 115.