Whirlpool Amiens : la production au plus haut un mois avant la fermeture

Un an après le combat politique de Marine Le Pen et Emmanuel Macron sur le parking de l'usine Whirlpool d'Amiens, le calme est revenu. Mais derrière les portiques, la bataille des stocks est lancée... tambour battant. La production de sèche-linge s'arrêtera pourtant le 31 mai.

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La donne est simple : le 31 mai, tout doit s’arrêter à Amiens. Plus aucun sèche-linge ne sortira des lignes de montage. Et en théorie, c’est le jeu cruel de la délocalisation, la production va reprendre à des centaines de kilomètres de là, à Lodz, en Pologne. Sauf qu’en interne, la direction ne masque plus son inquiétude : la Pologne sera-t-elle prête ? Comment éviter une chute de la production et des stocks ? "Nous, quand on lançait des nouveaux produits, on avait toujours 12 mois de retard, ce serait étonnant qu’en Pologne, ce soit beaucoup mieux ", ironise Patrice Sinoquet, l’emblématique élu CFDT.



Les stocks, c’est l’angoisse numéro 1 pour la direction. Déjà, à la veille de l’annonce de la fermeture en janvier 2017, la direction avait vidé les entrepôts : 80.000 machines transférées en urgence vers des entrepôts parisiens. Par peur d’un arrêt de la production. Ou pour que les salariés n'utilisent pas le stock comme monnaie d’échange. "Ils nous ont pris pour des voyous, ils se sont trompés sur nous." Un an et demi plus tard, la guerre du stock a repris de plus belle.

Reportage : Pierre-Guillaume Creignou, Clément Jean-Pierre et Bruno Barbay


Intérimaires et prime de productivité


Pour relancer la production, après la grève, et la démobilisation des embauchés, Whirlpool a d’abord sorti le carnet de chèques. Une prime de 150 euros pour atteindre des objectifs, chaque fois en hausse. "En 20 ans, on n’a jamais eu d’aussi bons salaires", s’amuse même une salariée. "Ils savent à qui ils ont affaire ici, on ne va pas cracher sur des euros en plus à la fin du mois", valide Patrice Sinoquet. Mais ce n’est pas tout. La direction a aussi changé son fonctionnement. Et sa main d’œuvre.

Aujourd’hui, dans les ateliers, les intérimaires sont en nombre, entre 150 et 200. Certains jours, ils seraient plus nombreux que les embauchés. Des lignes entières fonctionnent uniquement grâce à ce renfort temporaire, des intérimaires parfois anciens, certains viennent sur les lignes de Whirlpool depuis 10 ans. D’autres, arrivés après l’annonce de la fermeture en janvier 2017.



Ce qui crée parfois des frustrations. Après ses huit heures, un intérimaire se lâche sur le parking :  "Il y a deux rythmes dans la société, les intérimaires qui bossent dur. Pour les embauchés, c’est du léger, alors qu’eux seuls vont toucher les primes de productivité". A bord de sa voiture, alors que le moteur tourne déjà, une historique tempère : "C’est vrai que les nouveaux bossent plus et qu’à la fin, ils n’auront rien. Mais, nous aussi, on fait notre part. On a surtout hâte de passer à autre chose".

Pas de relâche


Aux abords de l’usine, les camions entrent et sortent à un rythme régulier. Le parking des employés est presque plein, alors que les salariés éclusent leurs derniers RTT. Au tourniquet, les ouvriers se pressent. Pour rentrer dans l’atelier, ou dans le sens inverse, regagner leurs voitures. Comme si rien n’avait changé. "Si vous rentrez à l’intérieur, il n’y a aucun signe qui laisse penser à une délocalisation imminente", souligne Patrice Sinoquet.

Alors qu’elle prévoyait un arrêt progressif des lignes, la direction de l’usine va au contraire demander un effort supplémentaire, jusqu’à la dernière heure du dernier jour. La demande est tombée ces derniers jours au cours d’une réunion : pour ce dernier mois de mai, il faudra produire 10.000 sèche-linges de plus que d’habitude. Un dernier effort qui ne suffira peut-être pas. Sur l’année, Amiens peut sortir un demi-million de produits de ses lignes. Lodz, qui fabriquait jusque-là des frigos, le peut-elle déjà ?

Car, ces derniers jours, les syndicats ont saisi la panique de leur direction. Officiellement, tout doit s’arrêter le 31 mai. Mais, les managers  s’inquiètent. François Gorlia, de la CGT : "Ils vont devoir trouver des solutions, peut-être même relancer les 3/8, une équipe de nuit. Ils en seraient capables". Au sein de l’intersyndicale, jusqu’ici c’est une boutade : et si la Pologne n’était pas prête à temps ? Et si Whirlpool leur demandait de prolonger le contrat au-delà du 31 mai ?

Contactées, les directions française et polonaise du groupe américain n’ont, à ce jour, par répondu à nos demandes.
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