Acteurs, techniciens et spectateurs battent le pavé à Amiens ce 20 mars ! Pour appeler l'État à davantage soutenir le monde culturel, les manifestants ont proposé des spectacles, dans la rue et en respect des gestes barrières, devant un public invité à "ramener sa chaise".
À défaut de se produire dans les salles, le monde du spectacle se produit dans la rue ! Ce 20 mars, artistes, techniciens, acteurs culturels et spectateurs frustrés étaient appelés à manifester pour dénoncer le manque de soutien du gouvernement à la culture, en quasi-hibernation depuis un an et le début des restrictions sanitaires liées à la Covid-19.
La nostalgie des spectacles et des visites de musée semble fédérer tout le cortège. L'appel à une réouverture des lieux culturels se retrouve sur la plupart des pancartes. "On a été surpris de voir que beaucoup de public a participé à la manifestation, en soutien aux professionnels. On en a tous ras-le-bol de ne plus avoir de spectacles, il y a une certaine lassitude qui commence à miner les esprits, glisse Philippe Macret, directeur du cirque Jules-Verne délégué aux projets arts d’espace public.
Des restrictions vues comme une injustice
Parmi les professionnels mobilisés, on retrouve des personnels du cirque Jules-Verne, de la Maison de la culture, mais aussi beaucoup d'indépendants. Depuis novembre 2020, date du second confinement, les intermittents vivotent grâce aux aides faute de pouvoir travailler et obtenir des cachets. L'arrêt des spectacles en public et le faible soutien du gouvernement, selon les manifestants, continue à précariser un milieu qui l'était déjà auparavant.
"Pourrons-nous recommencer à accueillir du public en juin, lorsque la saison sera terminée ? Pourrons-nous organiser des festivals cet été ? Le gouvernement ne nous apporte pour le moment aucune réponse," regrette Philippe Macret.
On est capable de rouvrir les lieux culturels de manière responsable et en respect des gestes barrières. On l'a montré en septembre et octobre, en espaçant les gens, en leur imposant le gel et les masques. Quand on voit que dans le métro, dans le train ou au supermarché les gens sont les uns sur les autres, les professionnels de la culture vivent ça comme une injustice. On sait gérer le public, on sait même mieux gérer ça que dans les supermarchés !
"Amène ta chaise"
Débutée vers 11 heures du matin sur la place de la Marie-sans-chemise à Amiens, tout près de la cathédrale, la manifestation a réuni entre 300 et 400 personnes devant des mini-concerts, des numéros de clown ou encore des déclamations de poésie et de textes divers. Chacun était appelé à "amener sa chaise" pour participer à la cohue ou simplement y assister.
"C'était davantage une ambiance festive et chaleureuse qu'un rassemblement purement politique," souligne Philippe Macret. L'atmosphère fait justement écho à celles des lieux de rencontre qu'étaient les théâtres, cinémas, cirques et musées, du temps de leur ouverture au public.
Pour de même interpeller le gouvernement, le cirque Jules-Verne est occupé depuis le 12 mars par des intermittents et acteurs précaires du monde de la culture, à l'image du théâtre parisien de l'Odéon, point de départ de ces occupations en France. D'autres manifestations au secours de la culture se sont aussi déroulées à Lille, Compiègne, Arras, Abbeville, Maubeuge, Laon et Noyon.