L’ascenseur de l’immeuble, indispensable à l’Amiénois Vincent Sangnier pour pouvoir sortir de chez lui et qui doit être réparé mardi 30 août, est resté en panne près d'une semaine. Le président de l’association pour les Personnes Handicapées pointe la solitude dans laquelle il s'est retrouvé face à la situation.
Ce devait être un jour marqué par le soulagement, il laisse au contraire place à un peu plus d’angoisse. Lundi 29 août, Vincent Sangnier, habitant d’Amiens et président de l’association pour les Personnes Handicapées, devait retrouver sa liberté de déplacement perdue depuis près d’une semaine en raison d’un ascenseur coincé. Celui-ci est en effet essentiel pour permettre à l’Amiénois, dont le handicap l’oblige à se déplacer en fauteuil roulant, de mettre le nez dehors et de vaquer à ses occupations associatives et personnelles. "Finalement, il ne sera pas réparé avant le 2 septembre… si ce n’est pas encore repoussé", souffle Vincent.
Bonne nouvelle, au lendemain de la publication de cet article, Otis, la société chargée de la réparation, lui a annoncé que l'ascenseur serait remis en service dans l'après-midi du mardi 30 août.
Un message salvateur pour Vincent Sangnier. Car s’il s’est attaché à n’accabler personne pendant plusieurs jours - à part les individus à l’origine de la casse-, depuis ce post sur les réseaux sociaux où il relatait la situation expliquant que "suite à un acte de vandalisme" le bouton "rez-de-chaussée" avait été cassé le laissant bloqué chez lui, il ne pouvait que partager sa détresse lundi quand on lui avait annoncé qu'il faudrait patienter encore jusqu'au 2 septembre. "Les personnes handicapées sont particulièrement sensibles à ce genre de situation, angoissées à l’idée de se retrouver coincées. On a déjà été enfermées deux ans à cause du Covid et avec la crainte d’être contaminées, et maintenant ça, c’est très dur."
Il le répétait alors, Vincent n’en voulait pas au bailleur social et à la société Otis, chargée de la réparation, dont l’intervention était repoussée en l’absence d’une pièce bien spécifique. S'il regrettait qu’il n’y ait pas de "stock" sur ce type de pièces ou s’interrogeait encore sur le fait "qu’aucune autre entreprise ne puisse la fournir en urgence", il dénonçait surtout la solitude dans laquelle la situation l'enfermait.
Un double discours politique dénoncé
Seule les présences essentielles de Julien Lemiel, aide de vie de Vincent depuis près de huit ans, et de son aide au ménage, venaient la rompre. "S'il n'y avait pas mon aide de vie et mon aide au ménage, je serais tout seul. Personne ne m’a appelé pour me prévenir, une simple affiche a été collée au rez-de-chaussée pour expliquer la situation, notait-il. Aucun responsable n’a appelé pour s’excuser." Le président de l’APH dénonçait surtout le "double discours des politiques" que révélait un peu plus sa situation. Au total, seuls trois élus dont Yaël Menache (RN) et Jean-Philippe Tanguy (L’Avenir Français) étaient venus aux nouvelles. "Des articles sont sortis, j’en parle sur les réseaux, ils ne peuvent pas dire qu’ils n’ont rien vu. Et puis, ils ont tous mes coordonnées", lâchait-il.
"J’ai rencontré les élus de tous bords pendant les législatives, de droite, de gauche, il y avait du monde pour dire ‘oui on fait beaucoup pour le handicap’, mais quand il y a un problème il n’y a plus personne."
Vincent Sangnier, habitant d'Amiens et président de l'APHà France 3 Hauts-de-France
Un double discours qui passe d’autant plus mal que ce n’est pas la première fois qu’une personne handicapée se retrouve coincée dans son logement à Amiens à cause d’un problème d’ascenseur. En mai dernier, Laurence Wattiez s'était retrouvée bloquée suite à une fuite d'eau qui avait entraîné une panne. Le bailleur social lui avait alors répondu "qu'ils n'avaient pas que cela à faire et que de toute façon tant qu'ils n'auraient pas de devis de l'entreprise chargée de réparer, l'ascenseur restera en panne et qu'il fallait que je me débrouille", expliquait-elle à nos confrères de France Bleu. "Tout le monde doit prendre conscience que l’ascenseur est un moyen vital pour le déplacement de certaines personnes, pas seulement handicapées, et y faire plus attention", assénait-il.
D’autant qu’il ne s’agit que d’un problème parmi tant d’autres tenait à appuyer Julien Lemiel, l'aide de vie de Vincent Sangnier. "Ça se voit que ces bâtiments pensés par des architectes ne sont pas vraiment testés par des personnes handicapées, ce n’est d’ailleurs quasiment jamais le cas quel que soit l’endroit, débutait-il. Par exemple, dans la rue pour pouvoir appuyer sur le bouton pour que le feu passe au vert, il y a souvent un trottoir comme obstacle et il est impossible à franchir pour une personne en fauteuil. Les éléments podotactiles pour les malvoyants sont à peine collés sur le sol et souvent défoncés." "Il y a plein de choses à améliorer, on ne demande pas d’argent rien, juste qu’on nous respecte et on est prêt à les aider pour trouver des solutions", abondait Vincent.
En attendant, le président de l’APH s’inquiétait pour les prochains jours et sa rentrée, censée être chargée. "J’ai des formations à assurer, notamment pour parler d’accélérer et d’améliorer l’accessibilité de certaines choses aux personnes handicapées. J’ai un rendez-vous avec l’orthophoniste que je ne suis pas certain de pouvoir honorer. Ma vie associative et ma vie privée sont complètement à l'arrêt." "Je comprends que la situation ait été problématique", avait finalement répondu Mathilde Roy, adjointe au maire déléguée au pacte pour le Bien vivre et à l'accessibilité, lundi après-midi sur la publication de Vincent. Ce dernier espérait surtout la laisser enfin derrière lui, au plus tard le 2 septembre prochain.