À Dompierre-sur-Authie, Edouard Bahr imagine et crée des objets pour faciliter le quotidien des personnes âgées ou en situation de handicap, comme l'est son fils depuis un AVC il y a bientôt quinze ans. Des réalisations dont il partage plans et photos chaque jour sur sa page Facebook.
Au fond d’un paisible jardin de Dompierre-sur-Authie, il n’est pas rare d’entendre le bruit strident d’une scie sauteuse ou d'une perceuse s’échapper d’un cabanon en bois. C’est là qu’Edouard Bahr travaille chaque jour à la réalisation des inventions qu’il imagine pour faciliter le quotidien. À 83 ans, il en a bricolé plus de 1 680.
Garder son autonomie
Cet ancien professeur de dessin industriel a toujours aimé bricoler. Mais en 2011, son fils Eric devient hémiplégique après un AVC. Il perd l’usage d’un bras. Édouard lui consacre alors ses nouvelles inventions pour l’aider dans toutes les tâches quotidiennes qui nécessitent d’utiliser les deux mains.
C’est pour l’aider dans son quotidien pour passer un coup de balai, cuisiner, ouvrir des boîtes de conserve ou des bouteilles avec un bouchon à visser.
Edouard Barh
Ce jour-là, il lui amène un cadre en métal surélevé à fixer sur la plaque de cuisson : grâce à cette astuce maison, Eric peut désormais mélanger ses aliments sans que la casserole ou la poêle ne tourne sur elle-même. "C’est pour l’aider dans son quotidien pour passer un coup de balai, cuisiner, ouvrir des boîtes de conserve ou des bouteilles avec un bouchon à visser. Il ne peut pas nous demander de venir à chaque fois pour lui faire ceci ou cela. Donc ça lui permet de vivre en autonomie, disons à 95 %. On n’est pas loin, mais il faut qu’il gère seul son quotidien", explique le papa bricoleur.
Eric nous montre alors toutes les inventions que lui a fabriquées son père, souvent piquées au coin du bon sens. "La première, c’était pour sortir les médicaments des plaquettes : c’était un poinçon qui perçait le couvercle en aluminium, se souvient-il. Je ne m'en sers plus aujourd'hui parce que je me suis habitué à mon handicap. Mais il y a des choses que j’utilise tous les jours."
Répondre à un besoin
C'est le cas de cette planche en bois à clous qui lui permet de tartiner une tranche de pain sans que celle-ci parte dans tous les sens.
Il y a aussi ces trois cylindres de hauteurs et de largeurs différentes, collés les uns aux autres et fixés sur une base en bois : il suffit de mettre une canette ou une boîte de conserve dans le cylindre adapté et avec un crochet de saisir la languette en métal pour l’ouvrir.
Planche à clous pour coincer les légumes et les fruits à éplucher. Planche qui empêche les bouteilles et autres bidons de bouger pendant qu’on les ouvre à une main… "Les idées me viennent comme ça. Je mets un petit peu à sa place. J’essaie de répondre à des envies qu’il n’a pas peut-être maintenant, mais qu’il aura peut-être après. S’il y a un besoin, j’essaie d’y répondre au lieu de le contourner", résume Edouard Bahr.
Après deux opérations, Edouard tente désormais d'améliorer son propre quotidien cette fois-ci. C’est ainsi qu’il a installé sur la rambarde de l’escalier de sa cave un système à roulettes qui lui permet de remonter un panier à linge "ou tout autre conteneur". En ce moment, Edouard travaille activement à un enfile-chaussettes, pour éviter de se baisser. Une gouttière découpée en deux pour y enfiler la chaussette et la poignée télescopique d’un vieux cartable à roulettes de sa petite-fille "que je vais assembler en rotation. Mais ça n’est pas encore précisément étudié".
Des matériaux de récup'
Tout ce que fabrique celui qui se qualifie d'"horrible conservateur, mais ne le dites pas à mon épouse !" l’est à partir de matériaux de récupération.
Edouard tient à nous montrer le petit chariot qu’il a réalisé pour récupérer les endives qu’il plante dans un soubassement et dans lequel il ne peut plus se faufiler : "Je dois faire un système anti-inondation, c’est-à-dire une barre qui va se replier pour ouvrir la porte avec une tige filetée… M’enfin, ça, ce n’est encore qu’un projet…"
Un projet qui deviendra sans aucun doute réalité et qu’Edouard partagera certainement sur sa page Facebook, suivie par plus de 1 400 personnes.
Il y publie croquis et photos tous les jours. Un rythme qu’il tiendra aussi longtemps que possible.
Avec Elisa Teiton / FTV