La direction du Courrier picard envisage de licencier une partie de ses salariés à la suite d'un plan de sauvegarde de l'emploi, en évoquant des difficultés financières. Les journalistes craignent une dégradation de la qualité du journal.
L'annonce a glacé les employés du Courrier picard ce lundi 13 janvier. Ils viennent d'apprendre que la direction prévoyait de licencier 20 personnes (18 CDI et 2 CDD) dans le cadre d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) : 14 journalistes du service d'édition, 3 rédacteurs en chef adjoints et 3 personnels administratifs.
La crainte de voir le journal se dégrader
"Ça acte la disparition d’un métier. L’editing, ce sont toutes ces personnes qui vont relire le Courrier picard et les maquetter. Ce sont des journalistes spécialisés pour nous relire et enrichir le contenu qui du jour au lendemain vont arrêter de travailler pour nous", affirme Jeanne Demilly, représentante de l'intersyndicale pour ce CSE exceptionnel.
La journaliste craint que la qualité du titre de presse ne soit altérée par la disparition de ce service : "Les lecteurs vont se rendre compte assez vite que la qualité n’est plus tout à fait au rendez-vous en termes d’orthographe et de titraille. C’est dommage parce que le Courrier picard, c’est le dernier journal de proximité de la Somme et de la Picardie dans son entièreté".
Pour la direction, les licenciements sont un passage obligé pour s'adapter à la conjoncture actuelle. "C'est inévitable dans la mesure où l'ensemble de la presse est confronté à une vraie difficulté de baisse de revenus. C'est paradoxal parce qu'on a de plus en plus de clients, mais les abonnés sur le digital n'acceptent pas un tarif qui soit suffisant pour faire vivre une entreprise de la taille du Courrier picard, or les acheteurs du papier, eux, sont en diminution très forte depuis 20 ans et on n'arrive pas à équilibrer les comptes", explique David Guévart, le directeur général du Courrier picard.
Une motion de défiance votée par la rédaction
En signe de protestation, ce mardi 14 janvier, la rédaction a voté une motion de défiance envers la direction. "Aujourd’hui, on estime que si on est dans cette situation, c’est à cause d’eux. On se dit que peut-être à Lille ou en Belgique [ndlr, le groupe Rossel est un groupe franco-belge] on n’a pas conscience qu’ici, on fait tout pour avancer, qu’on fait tout pour se moderniser, mais que notre direction ne nous tire pas dans le bon sens", affirme la représentante de l'intersyndicale.
En interne, elle tente de rassurer malgré tout. Elle espère tirer profit des négociations à venir. "Soyez assurés que les délégués syndicaux et les représentants du CSE mettront tout en œuvre ces prochaines semaines pour sauver un maximum d'emplois et obtenir, pour les autres, les meilleures conditions de départ possibles", affirmait-elle dans un communiqué à destination des salariés.
Dès la fin de semaine, des négociations démarreront entre les différents partenaires sociaux pour définir les contours de ce PSE.