Le repas à un euro pour tous les étudiants adopté en première lecture par l'Assemblée nationale : "nous avons une joie réelle, mais mesurée"

Ce jeudi 23 janvier, les députés ont adopté en première lecture le repas à un euro pour tous les étudiants. Une grande satisfaction, après des années de combats, pour la FAEP (Fédération des associations étudiantes picardes) qui attend de voir néanmoins, l'adoption définitive du texte.

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149 voix pour, 5 contre et 19 abstentions, la proposition de loi qui prévoit le repas à un euro pour tous les étudiants a été largement adoptée par les députés ce jeudi 23 janvier à l'Assemblée nationale. Portée par la députée socialiste Fatiha Keloua-Hachi, elle a été votée par l'ensemble des groupes de gauche, RN et LIOT.

De leur côté, les groupes de la majorité présidentielle, Ensemble pour la République, le Modem et Horizons et Indépendants se sont majoritairement abstenus ou ont voté contre.

"Notre première réaction, c'est vraiment la joie. C'est le résultat d'un long combat associatif. Ça répond à une nécessité et ça montre que notre voix étudiante peut être entendue. Cette joie reste mesurée parce que ce n'est pas garanti que la loi passe au Sénat", confie Théo Lagarigue, porte-parole de la FAEP (Fédération des associations étudiantes picardes).

Un retour à la situation de 2021

À la rentrée 2020, en raison du contexte de crise sanitaire, les étudiants boursiers bénéficiaient de repas Crous à 1 €, puis, entre janvier et août 2021, son accès avait été élargi à l’ensemble des étudiants. Mais depuis, ce tarif n'est désormais accessible qu'aux boursiers.

Aujourd'hui, le statut de boursier est complètement dépassé.

Théo Lagarigue, porte-parole de la FAEP

Pourtant, Théo Lagarigue insiste : "aujourd'hui, le statut de boursier est complètement dépassé, car il est basé sur le revenu des parents. Il n'est pas réaliste et exclut tous les étudiants non-boursiers en situation de grande précarité". L'association milite justement pour un nouveau statut qui serait "déparentalisé, universalisé et adapté au territoire".

Lors du débat à l'Assemblée nationale, les opposants au texte ont soulevé le risque de forte affluence, de files d'attente interminable et de repas insuffisants. Pour cette raison, la FAEP souligne la nécessité de prévoir dans la loi, le suivi et le soutien des Crous. En l'état, la proposition de loi - dont le coût est estimé à 90 millions par an - prévoit justement cet accompagnement.

Un étudiant sur trois saute des repas

Comme l'a souligné la députée socialiste Fatiha Keloua-Hachi, la situation des étudiants s'est dégradée ces dernières années. Un étudiant sur trois déclare sauter des repas par manque d'argent. Cette précarité oblige également certains à prendre un petit boulot, ce qui augmente le risque d'échec scolaire.

À l'Agorae d'Amiens, on est passé de 300 bénéficiaires à la rentrée à 800 aujourd'hui.

Théo Lagarigue, porte-parole de la FAEP

"À l'Agorae d'Amiens, on est passé de 300 bénéficiaires à la rentrée, à 800 aujourd'hui. C'est rare pour une épicerie solidaire d'avoir autant de bénéficiaires, ça montre bien qu'il y a une spécificité du territoire malheureusement. La Picardie n'est pas très aisée, on le voit directement chez les étudiants", déplore Théo Lagarigue.

À la rentrée, l'association avait déjà alerté sur la précarité grandissante des étudiants avec le calcul du coût moyen pour un étudiant picard à cette période : 2 900 €, soit une augmentation de 68 € par rapport à l'année passée.

Incertitude sur l'adoption définitive

Après cette première lecture à l'Assemblée nationale, le texte va poursuivre son parcours législatif au Sénat, où la droite et le centre sont majoritaires. Le texte risque alors de se voir modifier ou bien carrément rejeté.

Parmi les résistances au sein du bloc central, Laurent Croizier, député du Doubs (Les Démocrates) a estimé que ce texte "manquait sa cible" en permettant "d'offrir le repas à un euro aux étudiants des familles les plus aisés".

Face à cet argumentaire, Théo Lagarigue voit les choses différemment : "À vrai dire, ce type de mesure s'adresse à un public bien précis : les étudiants non boursiers en très grande précarité. Les étudiants riches ne vont de toute façon pas prendre un repas Crous."

Avec l'incertitude actuelle concernant le budget de l'État, difficile de savoir si tous les étudiants pourront effectivement bénéficier de ce nouveau tarif. De plus, l'heure est davantage aux coupes budgétaires qu'à l'accord de crédits supplémentaires.

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