Les betteraviers de Saint-Louis, dont ceux d'Eppeville (Somme), manifestent devant l'ambassade d'Allemagne

Près de 200 salariés du producteur de sucre Saint-Louis ont manifesté devant l'ambassade allemande à Paris, mardi 7 mai. Ils protestent contre la fermeture annoncée par le groupe Südzucker - dont Saint-Louis est une filiale - de deux usines à Eppeville (Somme) et Cagny (Calvados).

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Munis de drapeaux français, allemands et européens, près de 200 betteraviers et salariés de Saint-Louis sucre ont manifesté mardi à Paris, à deux pas de l'ambassade d'Allemagne, contre la fermeture de deux usines de la filiale française du groupe Südzucker. Parmi eux se trouvaient des ouvriers de l'usine d'Eppeville (Somme).

Le groupe allemand prévoit la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France, avec à la clé près de 130 postes supprimés sur les 723 que compte sa branche française et la remise en cause du modèle économique de milliers d'agriculteurs.
 

Un contournement de la loi Florange ?

"Aujourd'hui, les Allemands prennent une décision stratégique de restructuration de l'activité, et ça on peut le comprendre", affirme Patrick Dechaufour, planteur et président du syndicat des betteraviers du Calvados, de la Sarthe et de l'Orne. "Notre présence devant l'ambassade est clairement une pression politique et médiatique (...). Nous demandons aux Allemands de se comporter en gens responsables au sein de l'Europe, et de se réunir autour d'une table pour voir si le plan de reprise peut passer ou non".

 


"Par contre, faire une restructuration en arrêtant totalement la production de sucre et en gardant juste des petits stockage de sirop dans les usines, ce qui permet d'éviter de fermer les sites et de contourner la loi Florange, c'est du capitalisme sauvage qu'on n'accepte pas", a-t-il ajouté. Adoptée en mars 2014, la loi Florange impose à tout employeur d'une entreprise ou d'un groupe d'au moins 1 000 salariés qui envisage de fermer un établissement et de procéder à des licenciements économiques de rechercher un repreneur.

À moins de trois semaines du scrutin européen, brandissant des pancartes en français et en allemand, les planteurs espéraient pouvoir remettre leurs doléances à l'ambassadeur
d'Allemagne, mais ont finalement trouvé porte close. Ils souhaitaient surtout remettre un petit coup de pression, à une semaine d'une réunion avec la direction de Südzucker, à Strasbourg, lors de laquelle ils doivent présenter leur plan de reprise des deux usines, le 15 mai.
 

"L'union fait la force"

"Je suis pro-européen, c'est l'union qui fait la force", affirme Benoît Lefébure, planteur à Escoville (Calvados), qui porte fièrement des drapeaux allemand et français. Il déplore que le groupe, qui a des usines "partout en Europe", "fasse porter à la France 500 000 des 700 000 tonnes de baisse de production de sucre" sur le continent. 1 036 planteurs travaillaient pour l'usine de Cagny (Calvados) et 1 268 planteurs autour d'Eppeville (Somme).

Dans la Somme, une partie des agriculteurs pourraient écouler leurs betteraves vers l'usine voisine de Roye, voire à la concurrence. En revanche, ceux de Cagny (Calvados), isolés, n'ont pas d'autre solution pour écouler leur production et devront, si la situation en reste là, renoncer à la culture de la betterave.

 

Notre reportage à Paris


 
La Sucrerie d'Eppeville
  • 132 emplois permanents et 60 emplois saisonniers
  • Plus de 500 emplois de sous-traitants
  • 1 275 planteurs en collaboration
  • Une capacité de production de 14 000 tonnes de sucre par jour
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