Témoignage. L'ex-présentateur télé Henri Sannier se confie sur sa maladie rare : "un jour, j'ai remarché, c'était prévu dans ma tête"

Publié le Écrit par Gaelle Fauquembergue

Journaliste à France Télévisions, présentateur du JT d'Antenne 2 et France 3 durant plusieurs années, animateur vedette de Tout le Sport... Henri Sannier est une figure du petit écran. Mais en 2020, alors qu'il est à la retraite depuis trois ans, sa vie bascule. Il apprend qu'il est atteint d'une neuropathie. Dans un livre qui sort ce mercredi 5 février, il raconte son combat contre cette maladie orpheline.

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Présentateur vedette du service public pendant des dizaines d'années, Henri Sannier prend sa retraite en 2017. Mais trois ans plus tard, il est victime d'un accident de vélo. Pour ce passionné de cyclisme et maire d'Eaucourt-sur-Somme, il faut tout reconstruire.

"Un jour où je faisais du vélo tranquillement sur le bord de Somme, je ne passe pas sous le pont. C'était à Épagne-Épagnette, près de chez moi. Je dis : moi, je vais monter ça. Ça va être le Nirvana, ça va être comme si je montais un col et je redescends de l'autre côté. Seulement, j'ai oublié que je n'avais pas priorité. Et boom, je me suis emplafonné une voiture et j'avais tout faux parce que je n'avais pas de casque, je n'ai pas respecté le stop..."

À la suite de cet accident de vélo, Henri Sannier apprend qu'il est atteint d'une neuropathie. "On m'a envoyé au CHU à Amiens et les gens d'Amiens, qui font preuve de beaucoup d'humilité et de sagesse, m'ont envoyé à la Pitié Salpêtrière. Et là-bas, on m'a dit que j'avais une polyradiculonévrite chronique. Généralement, je le marque sur un petit papier parce que je n'arrive pas à m'en souvenir", sourit-il.

"Et puis on m'a soigné pour ça, on m'a fait ce qu'on appelle des plasmaphérèses, c'est-à-dire que vous êtes allongé pendant quatre heures comme ça, montre-t-il les bras écartés. On vous enlève le sang ici. Au milieu, on vous enlève le plasma et on vous met un plasma tout neuf et on vous réinjecte votre sang de l'autre côté."

"Une vie de légume"

Mais les symptômes sont de plus en plus graves. Très vite, l'ancien présentateur télé ne peut plus marcher. "On a les pieds complètement gelés, très froids. On a les mains qui s'ankylosent. C'est pas simple du tout. Puis, il y a des pertes d'équilibre. Et ça me marque beaucoup."

Une fois le diagnostic établi, sa vie bascule du jour au lendemain. "Une vie de légume", dit-il, où il peut à peine se déplacer et doit dormir dans un lit médicalisé, chez lui, dans la pièce du rez-de-chaussée. "Je ne pouvais pas prendre de douche par exemple, c'est un truc tout bête. Chez moi la douche est au premier étage. Alors, je ne pouvais pas monter."

Mais malgré les épreuves, Henri Sannier, garde le moral. "On tient en rêvant, lance-t-il. Je me mettais dans la véranda face au jardin. Je fermais les yeux et je regardais de temps en temps le ciel et puis je pensais à des choses très belles qui me sont arrivées dans la vie. Je pensais à mon premier 20h avec Alain Delon. Ça ne pouvait être que chouette dans ma tête. Je pensais à mon premier scoop sur l'ORTF Picardie. Je pensais à plein de choses comme ça."

"C'était un peu : lève-toi et marche"

Et puis un jour, l'ancien présentateur vedette, s'est remis à marcher. "C'était prévu dans ma tête. Mais bon, ce n'était pas gagné. Un jour, je dormais dans mon lit médicalisé et j'ai eu besoin d'un médicament. Je me suis appuyé sur des tas de meubles et je suis allé chercher mon médicament dans l'entrée. Je suis remonté, je me suis endormi. Et ça a été un déclic. C'était un peu : lève-toi et marche".

Le lendemain, Henri Sannier se remet à marcher un peu et grâce au soutien de ses petits-enfants, il reprend espoir. "Les enfants et les petits-enfants ont été très importants. La petite qui s'est mise à applaudir, c'était le cadeau de ma vie quoi."

Passer des plateaux de télévision à un lit d'hôpital chez lui n'a pas été chose aisée pour Henri Sannier, mais il l'avoue : "je n'ai jamais accordé trop d'importance aux paillettes. Dans le fond, il n'y a pas que ça dans la vie. Il y a les repas du dimanche en famille, il y a les petits clins d'œil des gamins et des enfants qui viennent vous offrir un dessin. Il y a tellement de choses plus importantes, les balades que je fais à Quend ou à Fort-Mahon sur le bord de la mer. Ça, c'est le vrai truc quoi."

Ses forces : sa femme Sylviane et sa région, la Picardie

Dans son livre Le jour où j'ai appris à marcher, aux éditions du Rocher paru ce mercredi 5 février 2025, l'ancien journaliste évoque aussi le rôle de sa femme Sylviane en tant qu'aidante. "Je ne m'en rendais pas compte et je voyais ma femme déprimée de jour en jour parce qu'elle était aidante, c'est elle qui s'occupait de tout ici. Et moi j'étais assez directif quand même. Quand on est malade, on n'est parfois pas sympa."

Aujourd'hui, Henri Sannier confie qu'il a repris six kilos, qu'il remarche, qu'il a "moins mauvaise mine". Mais tout ne va pas pour le mieux pour autant, selon lui. "Mes mains, elles marchent, mais j'ai l'impression qu'elles font cent kilos. Je suis incapable de mettre un bouton, je suis incapable de faire les lacets de mes chaussures. Ce sont des trucs tout bêtes, comme ça au quotidien. Mais c'est la vie, et je ne suis pas encore complètement guéri, et je ne le serai peut-être jamais."

À 77 ans, Henri Sannier puise sa force dans les choses simples, amoureux inconditionnel de sa région, la Picardie. "Je me recueille sur le bord de l'étang. Et quand je faisais des magazines à Paris, j'allais me mettre là-bas, j'écrivais mes textes. Il y avait des hérons, il y avait des poissons qui sautaient. Moi, je suis un vrai campagnard. J'ai vraiment les pieds dans la glaise, je peux vous le dire. Il est hors de question que je quitte un jour la Picardie. J'ai des ailleurs qui me plaisent bien, mais quand je suis dehors pendant quinze jours, je n'ai qu'une hâte, c'est de rentrer ici."

Édité par Eline Erzilbengoa / FTV

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