Témoignage. “Le projet familial se transforme en cauchemar” : un jeune patron pêcheur endetté et sans bateau après la liquidation d’un chantier naval

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Le chalutier le Saint Paul 2 est loin d'être construit. Le chantier naval a fait faillite, laissant le patron pêcheur sans bateau et endetté
TEMOIGNAGE. Après la liquidation du chantier naval à Dieppe, le rêve de ce jeune patron pêcheur tourne au cauchemar ©France 3 Normandie
Publié le Écrit par Amandine Pinault

C'est l'un des dégâts causés par la liquidation judiciaire de Manche Industrie Marine à Dieppe. Florent Martin avait commandé un chalutier pour 2,5 millions. Après la faillite du chantier, il reste sans bateau et sans revenus.

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C'est l'histoire d'un jeune patron pêcheur de Ouistreham qui avait un rêve. Partir en mer avec un nouveau chalutier, moderne. À 23 ans, Florent Martin tait appel au chantier naval de Dieppe, Manche Industrie Marine. Le contrat est signé en janvier 2023. Pour deux millions et demi d'euros, Florent Martin doit avoir un bateau flambant neuf pour la pêche à la coquille saint-Jacques. 

Mais son rêve se brise le 18 octobre 2024. Le tribunal prononce la liquidation judiciaire de Manche Industrie Marine. 38 salariés se retrouvent sur le carreau. Deux navires restent en plan, dont celui de Florent Martin, loin d'être terminé. Le patron pêcheur estime que son bateau est construit à 35%. 

En juin dernier, Manche Industrie Marine faisait un point sur l'avancement du chantier du "Saint Paul 2", sur ses réseaux : "Nous avons soudé, assemblé la coque en 'Acier' qui est bientôt terminée et très vite nous installerons la Timonerie 'Aluminium'"

Du chalutier de rêve au bateau fantôme 

Depuis l'arrêt du chantier, le rêve de bateau flambant neuf a viré au cauchemar pour Florent Martin. Il avait réglé la moitié du navire, soit 1.250.000 euros, grâce à la vente du précédent chalutier (celui de son père) et à un prêt bancaire. 

J’ai 23 ans, j’avais réussi à faire construire ce chalutier en vendant le chalutier familial. J'ai récupéré ses droits de pêche pour pouvoir construire un nouveau chalutier plus moderne, pour que tout le monde travaille dans de meilleures conditions. C’était un super beau projet. (...) Si je peux pas finir ce navire je perds tout : mon entreprise et le fruit du travail de 50 ans de mon père.

Florent Martin, patron pêcheur

Aujourd'hui le patron pêcheur n'a plus de bateau, donc plus de rentrée d'argent. Et pour terminer la construction de son nouveau chalutier, il va lui falloir trouver un autre chantier, et transporter l'ébauche de navire depuis Dieppe.

Florent Martin estime le surcoût de l'opération entre 500 et 800.000 euros, ce qui porterait le coût final à plus de 3 millions d'euros.

Pour ce jeune qui a déjà huit années de mer à son actif, pas question de jeter l'éponge maintenant.   

En ce moment, il y a des plans de sortie de flotte, il n’y a plus de construction neuve, la pêche est en déclin. Pour attirer des nouveaux jeunes dans ce métier, il faut des navires performants et confortables , c’était ça le projet !

Florent Martin, patron pêcheur

Une bouteille à la mer 

 "Je devrais être en mer pour travailler et payer ce navire": Le patron pêcheur ressent de la colère et de la tristesse.

Et le jeune normand est aussi amer. Cette "situation exceptionnelle", la fermeture d’un chantier naval, lui donne l'impression que tout le monde l'abandonne, lui qui a joué le jeu du local.

On a quand même un beau savoir faire. Je privilégie le travail français. C’était une fierté d’avoir un chalutier made in Normandie. Maintenant, je n’ai plus rien.

Florent Martin, patron pêcheur

Alors aujourd'hui, il lance un appel, à qui veut bien l'aider : "la Région, les comités, le ministère, qui que ce soit". 

Pour terminer la construction du "Saint Paul 2", Florent Martin a besoin de trouver un autre chantier naval et il a besoin d'un aide financière pour compenser le surcoût du transfert. Pour que le cauchemar prenne fin. Et que son rêve puisse enfin devenir réalité. 

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