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VIDÉO. Anje Duhalde : entre folk et poésie, rencontre avec l'artiste basque, rocker dans l'âme

Anje Duhalde est une figure marquante du rock basque et un de ses pionniers. Plus de 50 ans de carrière et toujours sur scène et créatif ! En témoigne son dernier clip « Muga bat beti hor » (Une frontière toujours là). Artiste engagé pour la langue et la reconnaissance de son pays, il met sa musique qui navigue aujourd’hui entre rock et folk, au service d’écrivains et poètes qui lui sont chers.

Arcangues est son village natal où il vit d’ailleurs aujourd’hui, mais Ustaritz est la commune où il a grandi et vécu son adolescence. Lycéen se destinant à la comptabilité, mais la musique est sa passion. Il achète sa première batterie à 15 ans. Il démarre sa carrière professionnelle deux ans plus tard, en rejoignant la célèbre formation El Fuego en 1967, premier orchestre de bal à intégrer dans son répertoire des chants en basque. Anje rend hommage au fondateur du groupe, Frantxoa Saint-Esteben, d’Ustaritz aussi, musicien et sculpteur de renom.  

Le rock et le folk sont ses sources d’inspiration : Beatles, Rolling stones, Elvis Presley, Bob Dylan, John Hiatt, Jimmy McCarthy et Brassens qui passait alors sur Europe numéro 1, radio préférée du jeune Duhalde, la seule qui dans les années 60 diffusait beaucoup de musiques du moment. Les représentants de la Nouvelle chanson basque dans les années 70 le marquent aussi comme Benito Lertxundi.

1974, grande année ! Anje créé le duo Errobi avec son complice Mixel Ducau qui deviendra le groupe de rock-symphonique le plus connu de la scène basque. Cinq ans d’une très riche aventure musicale. Errobi (la Nive en français) révolutionne la musique basque : riffs de guitare électriques, batterie. Une première, y compris par rapport au Pays basque sud où n’existe alors que Koxka, comme formation rock. Errobi interprète les textes de Daniel Landart, écrivain et poète engagé, qui évoque l’exode rural, la saignée du Pays basque intérieur, et les questions sociales.

Le groupe cartonne de 1974 à 1979 (sans oublier son tout dernier album en 1985, Agur’terdi). 1979 : Errobi conçoit Ametsaren bidea (Le chemin du rêve). Anje écrit les paroles et Mixel Ducau les musiques. Cet opus est produit par Bernard Tavitian, passionné de musique et qui fut bien plus tard, le rédacteur en chef de France 3 Euskal Herri. Décédé brutalement en ce printemps 2023, Anje et moi souhaitons ici lui rendre hommage. Bernard, Beñat comme on l’appelait parfois, a cru en Errobi et l’a défendu comme jamais.

Début des années 80, Anje rejoint la formation Akelarre, orchestre avec lequel il enregistrera deux albums. Il poursuit depuis 1985 une carrière solo. Il reprend des chants traditionnels, adapte en basque Brassens pour lequel il voue passion et admiration, et met en musique de nombreux auteurs, dont l’improvisateur de versets et écrivain Xabier Amuriza. Une complicité ancienne désormais lie les deux artistes.

Anje retrace sa carrière consignée dans 22 albums et interprète pour Txirrita trois de ses compositions et présente son dernier clip tourné en 2023.

Les chants :

« Kapito Harri » (Oxobi - Anje Duhalde), « La pierre du Chapitre ».

  • Avec cette chanson, Anje Duhalde nous plonge dans son univers : Kapito Harri, lieu historique d’importance de la ville d’Ustaritz, où il a vécu son enfance et adolescence. Une chanson écrite par le poète Oxobi, qui compte pour lui (ami de sa famille et prêtre qui l’a baptisé) qui rend hommage au lieu où jusqu’à la Révolution, les représentants des communes du Labourd se réunissaient et délibéraient, gouvernant ainsi cette province basque.

« Eskuara » (Oxobi - Anje Duhalde), « La langue basque ».

  • Magnifique chant sur la langue basque, langue maternelle et combat d’Anje Duhalde. Je l’écris volontairement eskuara pour respecter comme le fait d’ailleurs Anje, le terme utilisé par Oxobi, en labourdin. Une chanson composée sur un rythme de zortziko, assez particulier de la musique basque. Rythme que le Père Donostia, musicologue basque, ami entre autres de Pau Casals et Maurice Ravel, définissait ainsi : « Un air dont la mesure est en 5/8 : mesure divisée en deux fragments de 3/8et de 2/8 et se succèdent régulièrement ».

« Loretxo bat » (Georges Brassens), « Une jolie fleur ».

  • Pas facile de traduire en basque ce poète. On ne peut évidemment traduire mot à mot des expressions qui d’une langue à l’autre n’ont aucune signification. Ainsi peau de vache en euskara. Anje a opté pour listafina (guêpe). Pourquoi ? Là, il faut voir l’émission !

Clip : « Muga bat beti hor »  (Une frontière toujours là).

  • Anje compose toujours, la preuve ce nouveau clip en 2023. Avec un thème récurrent, le pays, la frontière. Une frontière pas seulement physique et politique, mais à la fin, dans nos esprits aussi.

    Xabier Amuriza auteur des paroles joue du mot « muga » qui signifie frontière mais aussi limite. Les limites que nous rencontrons tous. Celles qui sont en nous et qui font que nous sommes humains aussi.

Les musiciens :

Txomin Duhalde : saxo et percussion.

Rémy Gachis : guitares.

Michael García Aldasoro : bon, d’accord, il ne joue pas d’instruments dans ce Txirrita, mais il a mixé les trois chants interprétés par notre trio et mis à notre disposition son studio. Esker mile !  

Archives :

« Errobi 1978 » produit par Bernard Tavitian, réalisé par Jacques Tréfouël et monté par Françoise Oukrate. Rencontre avec Anje Duhalde et Michel Ducau. Errobi en duo et quatuor rock avec à la batterie Beñat Amorena et à la contrebasse Jean-Paul Gilles.

« Anje Duhalde - Brassens  2000 » un magazine de France 3 Euskal Herri de Ttotte Darguy, cameraman : Franck Menestret, monteur : Laurent Maquaire.

Remerciements :

Comme souvent merci à l’INA, grâce auquel Txirrita retrouve de précieuses archives.

La mairie d’Arcangues qui nous accueilli en nous permettant de nous abriter d’une pluie continue pour les interviews d’Anje Duhalde, au Théâtre de la Nature. Nous n’avons pas pu en raison du très mauvais temps nous rendre à Ustaritz et sur les bords de la Nive (Errobi). Les caprices de la météo sont ainsi. Mais Arcangues a sauvé le grillon (Txirrita) de la noyade !

Le Studio Mik à Bera de Bidasoa et son responsable Michael García Aldasoro qui a mis à notre disposition et par amitié pour Anje ses installations et assuré le mixage des chansons.

L’Institut culturel basque pour les photos de Frantxoa Saint Esteben (fondateur d’El Fuego), Xabier Amuriza et Daniel Landart.

Euskal Idazleen Elkartea (Association des écrivains basques) et la revue Bertsolari pour d’autres photos de Xabier Amuriza.

 

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