Lors de chaque rentrée nous prenons de bonnes résolutions. Parmi elles, manger sain ou bio. Mais la plupart des consommateurs se heurte à la question financière. Alors est-ce que bien manger est accessible à toutes les bourses ?
Les chiffres sont éloquents. Plus de la moitié (57%) des Français ne peut s’offrir de la nourriture saine. Bien se nourrir semble bien est plus onéreux que le choix des premiers prix. En 2019, pour se permettre d’acheter de bons produits, une famille de 4 personnes devait dépenser entre 117 et 222 euros par mois, l’équivalent de 10 à 18% du SMIC. Le label bio, lui, coûte en moyenne deux fois plus cher. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que pour 41% des Français, le principal frein à une alimentation saine soit le budget familial. C’est la double peine, ceux qui ont le moins d’argent sont aussi ceux qui mangent le moins bien
Selon plupart des études (études Abena, ministère de la Santé), le "profil nutritionnel" des plus démunis est pauvre en micronutriments, en fibres et en vitamines. Et les fruits et légumes restent marginaux.
Plus gras, plus sucrés, transformés et industriels, ces aliments rassasient mais ne nourrissent pas le corps : « C’est catastrophique pour l’organisme. Mais voilà, ces aliments ont l’avantage de combler vite, dans tous les sens du terme, et de couper la faim rapidement. Car ce sont des concentrés de calories, que les nutritionnistes disent "calories vides", mais ce sont des calories peu chères. », déplore la chercheuse Maria-Isabel Mesana.
Le prix et l’énergie
Au-delà du prix, il y a aussi l’énergie qu’exigent les recettes. Préparer de bons petits plats réclame du temps et de l’argent. Les plats préparés ou les conserves offrent l’avantage de libérer du temps et d’économiser du gaz ou de l’électricité. C’est ce que l’on appelle la précarité énergétique ; et elle s’explique par des chiffres éloquents. Pour de nombreux ménages, les dépenses de gaz ou d’électricité s’élèvent à 8% du budget. Ajoutez à cela l’essence et la facture s’élève drastiquement. Jusqu’à 10% des Français seraient concernée.
Le bien manger passe après
Une étude d’ATD Quart-Monde https://www.atd-quartmonde.fr/ révèle que l’alimentation est une variable d’ajustement dans les budgets des ménages les plus pauvres ; le règlement du loyer et des factures reste prioritaire.
Pascal Percq, journaliste et membre actif d'ATD-Quart Monde montre dans une étude chez dans les familles à très faibles revenus de l’agglomération de Dunkerque, qu’elles ne parviennent plus à manger à leur faim en dessous de 4,50 euros par jour.
Et à partir du 15 du mois la moitié des parents interrogés par le journaliste explique qu’elles ne prennent plus qu’un seul repas par jour. Pire, à partir du 20, beaucoup d’entre eux ne prennent plus que deux repas par semaine. Le reste du temps, ils grignotent, et se privent pour leurs enfants.
Mangez bien malgré la précarité
Des solutions existent malgré tout pour donner accès à la « bonne bouffe » pour tous. L’association Vrac, fondée par Boris Tavernier propose aux plus démunis une grande diversité de produits bio et locaux. Du haut de gamme pas cher, obtenu en convaincant de nombreux producteurs d’adapter leur marge. Aujourd’hui, à l’instar de Vrac, de nombreuses structures se sont données pour mission de donner accès au ‘manger sain’ à ces familles. Enfin, à l’échelle individuelle, il existe aussi des solutions. A la faveur du confinement beaucoup de Français ont réappris à cuisiner des produits bruts et à accomoder les restes. Recycler ses légumes et les cuisiner peut-être une bonne façon de dépenser moins.