La réforme du système scolaire présentée ce mercredi matin en conseil des ministres par le ministre de l'Education Nationale ne fait pas l'unanimité.
L'idée du candidat Hollande à la présidentielle faisant de la jeunesse et de l'éducation une priorité séduisait pourtant en 2012.
Aujourd'hui, elle ne rassemble plus.
Absence de concertation, délais trop courts, mesures prises unilatéralement... Passant du discours au réel, Vincent Peillon se trouve à la tête d'une réforme difficile à appliquer comme le montrent les manifestations d'enseignants ce mercredi comme celle de Caen.
Le ministre est pourtant convaincu que le système scolaire français est à bout de souffle et doit être réformé en profondeur. Issu de plusieurs mois de consultations, le texte a été adopté par des instances consultatives réunissant enseignants, parents, élus, patronat, étudiants et lycéens. "Notre objectif est la réussite de tous les élèves", a souvent martelé Vincent Peillon. "Ce n'est pas la peine d'en laisser 25 ou 30 % sur le bord de la route. Les grands systèmes éducatifs qui marchent, c'est des systèmes qui sont capables d'emmener tout le monde."
Alors pourquoi est-ce si difficile à mettre en oeuvre ?
La réforme des rythmes scolaires dans le primaire avec le retour de la semaine de 4,5 jours, abandonnée en 2008, devait contribuer à cette refondation du système. Or, c'est la mesure qui bloque le plus enseignants et collectivités locales.
"Je savais que ce serait difficile. Mes prédécesseurs me l'avaient dit : ils avaient préparé cette réforme et n'avaient pas voulu la faire devant la complexité", a rappelé le ministre.
Il a dit souhaiter qu'"un grand débat parlementaire ait lieu et qu'on puisse se donner le temps qu'il faut pour que la Nation s'approprie les priorités" du gouvernement pour "que nous réussissions le redressement de l'école".
Mais pour Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, "la priorité à école primaire ne peut pas rester un simple slogan, une loi n'a pas le pouvoir magique de changer l'école".
Ce mercredi, il appelle à "une journée d'interpellation du ministre dans tous les départements pour mettre l'accent sur les changements concrets que l'on attend", citant la formation continue, la refonte de l'évaluation des élèves, la révision des programmes, l'avenir des enseignants "Rased" spécialisés dans la lutte contre l'échec scolaire.
Mais "aujourd'hui, l'action du ministre est brouillée par la réforme des rythmes scolaires", a-t-il regretté.
Le syndicat réclame des effectifs et une amélioration des conditions de travail et des salaires, comme le montre le reportage ci-dessous :
FO-Education réclame "le retrait" du projet de loi qui "serait une loi de territorialisation de l'école publique", compte tenu des compétences conférées aux communes, et un retrait du projet de décret sur les rythmes scolaires.