Le président du Stade Malherbe de Caen est solidaire de la grève des clubs professionnels. S'il comprend la nécessité de taxer les hauts revenus, il estime que la rétroactivité de la taxe à 75% peut mettre en péril des clubs financièrement fragiles.
"Moi aussi, je suis écoeuré par certains salaires. Je comprends que le type qui est au SMIC ou au chômage se révolte de voir des mecs qui touchent de tels salaires et qui seraient là à contester la chose". Et pourtant, Jean-François Fortin se dit pleinement solidaire de la décision prise par les clubs professionnels français de football ce jeudi. Les patrons du foot français ont décidé de faire grève le dernier week-end de novembre pour protester contre le projet de taxe à 75% sur les hautes rémunérations.
Le président du Stade Malherbe reconnaît sans peine que son club n'est pas concerné directement par cette taxe. Selon lui, le salaire moyen d'un joueur caennais oscille entre 8000 et 10 000 euros par mois. Mais cette taxe pourrait avoir des conséquences indirectes sur la santé du club. "Si j'arrive à avoir un bilan équilibré, c'est parce qu'en fin de saison, j'ai un ou deux joueurs qui sont convoités par des clubs de ligue 1 et qu'ils me les achètent".
Et pour le président bas-normand, cette nouvelle taxation pourrait mettre en péril la santé financière de certains de ces clubs du fait de sa rétroactivité. "Dans ses rapports, la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) relève des déficits cumulés de 60, 70 et peut-être même aujourd'hui de 100 millions d'euros. A certains clubs déficitaires, on va rajouter une taxe qui va leur ramener, par la rétroactivité, 5 ou 6 millions de charges supplémentaires. Je crains que ces ces clubs, si ils ne trouvent pas un riche investisseur quatari ou russe, se retrouvent en dépôt de bilan."
Le mouvement de grève des clubs français est plutôt impopulaire dans la population française. Selon un sondage, 83% des Français jugent cette grève injustifiée. Jean-François Fortin met en cause les médias, "on ne parle que d'individus très riches", mais aussi le monde du football français "qui a failli parce qu'il n'a jamais essayé de faire connaître quelle était la situation économique des clubs professionnels de football. Les gens sont convaincus que tous les clubs roulent sur l'or. C'est une idée fausse".
Propos recueillis par Florent Turpin
Reportage de Florent Turpin et Charles Bézard
Intervenants:
- Patrice Garande, entraîneur Stade Malherbe de Caen
- Nicolas Seube, défenseur du Stade Malherbe de Caen