Révolution au Mont-Saint-Michel: aucun des deux opposants, qui se disputent la mairie depuis 30 ans, ne se représente dimanche. Secoués par les bouleversements engendrés par le rétablissement du caractère maritime du rocher, les Montois n’en restent pas moins mobilisés … et divisés.
En 1983, il avait été l’un des plus jeunes maires de France. Après quatre mandats, Eric Vannier quitte la politique. Propriétaire du puissant groupe « la mère poulard », le maire du Mont-Saint-Michel, 61 ans, a décidé de ne pas se représenter pour raisons personnelles. Son opposant historique, Patrick Gaulois, maire de 2001 à 2008 et actionnaire de Sodetour, l’autre puissante entreprise du mont, n’est pas davantage candidat.
13 candidats pour 103 électeurs
Pour autant, avec 13 candidats déclarés pour 103 électeurs, il n’est pas sûr que la démocratie locale ne s’apaise. La mairie du mont saint Michel reste un poste prestigieux et convoité. On y compte plus de deux fois plus d’électeurs que les 43 habitants. La loi autorise en effet toute personne s’acquittant d’un impôt dans la commune à s’inscrire sur la liste électorale. Trois tendances s’affronteront dimanche.
Le premier adjoint de la mairie a pris la tête de la liste sortante. Élu en 2008 sur la liste de Patrick Gaulois, Yann Galton s’était rallié au maire Eric Vannier. Associé notamment à trois autres conseillers municipaux, il affiche un programme de continuité. Sa campagne, il souhaite la faire sans la presse, à l’abri des ruelles médiévales de la merveille. Son programme: continuer le travail engagé lors de la dernière mandature, notamment la réfection des réseaux de la rue principale et dont la longue étude vient de s’achever. Un chantier d’envergure !
Une liste sans tête
Contre l’équipe sortante, cinq Montois se sont regroupés, dans la liste « accueillir, vivre et travailler avec les montois ». Habitants, commerçants et salariés montois, ils demandent plus de dialogue et de transparence dans la vie du rocher. Ils n’ont pas désigné de tête liste et laisseront la tête de la mairie à celui ou celle qui aura remporté le plus de suffrage.
Leur programme entend redonner la parole aux habitants et salariés du Mont-Saint-Michel, tout particulièrement dans l’épineux dossier des accès au rocher. Malgré la présence sur leur liste de Christine Gaulois, la femme du principal opposant au maire sortant, la liste affirme vouloir dépasser les clivages des dernières décennies.
"un Titanic qui fonce sur l'iceberg"
Face à ces Montois, une femme est venue jouer les troubles fêtes. Ancienne adhérente du Front national, membre du « rassemblement bleu marine », Dominique Touly est installée depuis 5 mois sur le rocher pour, officiellement, terminer l’écriture de ses ouvrages. Cette professeur de lettres retraitée prône un mouvement « en arrière toute ». Pour elle, "le Mont-Saint-Michel est aujourd’hui un Titanic qui fonce vers l’iceberg". Elle demande notamment la nationalisation du parking et prône le retour des familles sur le rocher.
La chronique politique montoise s’apprête à s’enrichir d’une nouvelle page. Les résultats du scrutin diront si les électeurs ont réussi à dépasser les lignes politiques existantes. En 2008, la petite commune s’était largement mobilisée avec 94.95% de participation à l’élection.
Reportage d'Erwan de Miniac et Joël Hamard
Intervenants :
- Jean-Marc Cobac, candidat
- Jean-Yves Lebrec, candidat
- Dominique Touly, candidate