Au lendemain de l'opération menée par le patron de la Brittany Ferries dans la nuit de samedi à dimanche, la détermination des dockers grévistes ne semble pas faiblir. Ils bloquent désormais le terminal portuaire.
"Sur les coups de 3 heures moins le quart, on a entendu du bruit: c'était les amarres en train de descendre et du monde partout en train de courir, une vingtaine de personnes habillées tout en noir avec des casquettes", raconte l'un des quatre dockers qui tenait le piquet de grève dans la nuit de samedi à dimanche sur le port de Caen-Ouistreham. En deux minutes, les amarres sont coupées et le "Mont-Saint-Michel" bloqué depuis le 6 mai dernier, prend la "fuite" par la mer.Plus tard dans la journée, un communiqué de la direction de la Brittany Ferries indique qu' "une opération menée dans la nuit de samedi à dimanche par une vingtaine d'actionnaires de la compagnie a permis de libérer le bateau (...) bloqué à Ouistreham et de reprendre le contrôle du navire qui était tenu en otage par le chantage d'une minorité".
Jean-Marc Roué, le président de la Brittany Ferries, et une vingtaine de producteurs de légumes (la Brittany Ferries est une filiale de la coopérative agricole bretonne Sica de Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère) ont participé à cette opération. Le bateau est arrivé à Roscoff dimanche en fin de matinée.
Ce lundi, les 27 dockers grévistes semblent encore plus déterminés. Depuis un mois, ils demandent à la direction de la compagnie une revalorisation de 4 à 5 % des salaires pour les plus jeunes et une remise a niveau de ceux des remplaçants par rapport aux titulaires. Le "Mont-Saint-Michel" désormais parti, les dockers de la Brittany bloquent à présent le terminal portuaire. "On tient en otage de la marchandise qui n'est pas à nous, ce n'est pas bien, on le sait mais on nous a pris notre trésor de guerre", déplore Jérôme Coeuret, secrétaire général CGT Port et Docks Caen-Ouistreham. En milieu de journée, les dockes ont fait un geste de bonne volonté en laissant entrer et sortir des poids-lourds.
Dans un communiqué publié ce lundi, le maire de Ouistreham déplore "le blocage de la gare maritime", sans toutefois prendre parti et en appelle "à un dialogue sociale constructif et apaisé". Romain Bail se propose même d'être "médiateur de la situation". De leur côté, les dockers bénéficient du soutien de leurs collèges des ports du Havre, Cherbourg et Roscoff qui se sont engagés à n'accueillir aucun navire de la compagnie.
Reportage d'Hélène Jacques et Lucie Denechaud
Intervenant:
- Jérôme Coeuret, secrétaire général CGT Port et Docks Caen-Ouistreham