Auditionné par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, Philippe Varin a estimé que le rapprochement d'Areva et d'EDF serait un succès à condition que les négociations soient "équitables".
Le rapprochement amorcé entre le spécialiste du nucléaire Areva et l'énergéticien public EDF sera un succès à condition que la négociation entre les deux groupes publics soit "équitable", a estimé mercredi Philippe Varin, le président du conseil d'administration d'Areva, devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.
"Je vois trois conditions au succès (de la reprise par EDF de la majorité d'Areva NP, NDLR): une négociation équitable avec EDF sur la valorisation d'Areva NP, une négociation équitable sur les contrats concernant les activités de retraitement et de conversion (et) des solutions à trouver sur le partage du risque du chantier finlandais, épée de Damoclès qui pèse depuis 2003 sur le groupe et qui compromet tout scénario d'avenir", a déclaré le dirigeant lors de son audition.
"Il est normal qu'il y ait des points de vue différents", a-t-il ajouté, en réponse au député écologiste Denis Baupin, qui l'interrogeait sur l'écart entre la valorisation d'Areva NP (la division réacteurs du groupe) estimée par EDF et par Areva (environ 2 milliards et environ 3,5 milliards respectivement), selon des informations de presse. Un comité ad hoc a été formé chez Areva "pour apprécier ce qu'est la valeur acceptable pour Areva", a ajouté M. Varin.
Le gouvernement a tranché il y a une semaine en faveur d'une reprise par EDF de la majorité du capital d'Areva NP, donnant un mois aux deux groupes pour négocier les détails de la transaction et conclure un partenariat stratégique.
Compte tenu de la complexité de l'intégration à venir et du fait que le dossier sera examiné par la Commission européenne, "il faut anticiper un closing (une finalisation, ndlr) de l'opération plutôt dans la seconde moitié de 2016", a souligné le dirigeant. M. Varin a indiqué que sa préférence aurait été de limiter le rôle d'EDF à une prise de participation minoritaire dans Areva NP, plutôt que le scénario retenu par l'Etat français.
Il a par ailleurs confirmé que les besoins de financement d'Areva pour les prochaines années atteignaient 6 milliards à 7 milliards d'euros. "Les montants évoqués dans la presse ne sont pas très éloignés de la réalité", a-t-il déclaré, soulignant que les flux de trésorerie du groupe seraient négatifs de 1,3 milliard à 1,7 milliard d'euros cette année et resteraient négatifs en 2016 et 2017. Areva devra aussi faire face à un remboursement d'obligations pour environ 2 milliards au cours des deux prochaines années, a ajouté le dirigeant.
Il a également laissé entendre que le "nouvel Areva" après son plan de redressement devrait céder ses actifs dans les énergies renouvelables. "Restera dans le périmètre l'ensemble des activité du cycle (du combustible) et une participation minoritaire dans Areva NP", a-t-il déclaré, rappelant que le groupe confirmerait fin juillet, lors de la présentation de ses résultats semestriels, "les quelques actifs périphériques qui vont être cédés".
Il a aussi défendu le réacteur nucléaire de troisième génération EPR, affirmant n'avoir "pas de doute" sur les besoins dans le monde pour un tel modèle et estimant que "la sûreté de l'équipement n'est pas mise en doute", malgré les problèmes rencontrés dans la construction à Flamanville (Manche) et en Finlande.
M. Varin a en revanche averti que se posaient des "questions sur sa compétitivité". "Il ne faut pas sous-estimer l'enjeu. La réduction des coûts doit être très significative, il en va de l'avenir du nucléaire", a-t-il ajouté.