Cette année, les rencontres du 24e Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre mettent l'accent sur les journalistes locaux et les fixeurs qui couvrent l'information de leur pays au péril de leur vie.
L'importance des fixeurs en zone de guerre
Lors de la cérémonie annuelle organisée jeudi à Bayeux, en mémoire des journalistes décédés sur le terrain, "nous allons mettre l'accent sur le rôle extrêmement important des fixeurs, les violences dont ils sont victimes et que nous commençons à recenser", a expliqué Christophe Deloire, secrétaire général de Reporter Sans Frontière (RSF).L'hommage aura lieu au Mémorial des reporters, en présence notamment du frère de Bakhtiyar Haddad, le fixeur kurde irakien de 41 ans tué en juin dans l'explosion d'une mine à Mossoul (Irak), qui a également coûté la vie au journaliste français Stéphan Villeneuve, 48 ans, et à la reporter suisse, Véronique Robert, 54 ans, qui préparaient un reportage pour Envoyé spécial.Une exposition revient sur le parcours de Bakhtiyar Haddad, la "perle" des fixeurs, témoignant du rôle clé de ces guides traducteurs sans lesquels les journalistes occidentaux ne pourraient pas travailler au Moyen-Orient et ailleurs.
Le quotidien des journalistes envoyés à Mossoul : "A chaque fois, tu te demandes si ça ne va pas péter"
Ils témoignent de la guerre au gré des missions et de leurs reportages. Pour informer sur la bataille menée contre l'organisation Etat islamique à Mossoul (Irak) et la situation de la population sur place, certains journalistes risquent leur vie.
L'épouse de Stéphan Villeneuve et une amie de Véronique Robert sont également annoncés à la cérémonie du jeudi, ainsi que la femme de Javier Valdez, le journaliste mexicain tué en mai. Reporter spécialisé dans le crime organisé et le narcotrafic, et pigiste de l'AFP, Javier Valdez a été abattu en plein jour dans les rues de Culiacan (nord-ouest).
Comme tous les ans, une stèle sera dévoilée avec les noms des journalistes tués entre juin 2016 et juin 2017.
Les journalistes dans leur pays en guerre
En hommage aux personnes qui couvrent la guerre dans leur propre pays, une exposition inédite présente le travail de quatre photographes syriens de l'AFP. Ils viendront à Bayeux le samedi 7 octobre."C'est très très dur de faire des photos sur son propre pays, sur la souffrance de ses proches", avait souligné fin août lors d'une conférence de presse de présentationn du Prix à Bayeux, Patrick Gomont, maire DVD de cette ville.
10 prix remis, 400 professionnels attendus à Bayeux
Près de 35 000 personnes, dont près de 400 professionnels du journalisme, sont attendues de lundi et jusqu'à dimanche à Bayeux.Côté compétition, 50 reportages, écrits, photos, radios ou vidéos ont été présélectionnés, sur plus de 330 reçus par les jurys qui remettront dix prix le 7 octobre à partir de 18h30.
La majorité des reportages portent sur la bataille de Mossoul, la Syrie, le Soudan du Sud, le Yémen, les Philippines, le Nigeria, le Venezuela, la Libye, le Mexique, les réfugiés, l'Ukraine, la Turquie.
Le jury international sera présidé par le grand reporter britannique de la BBC Jeremy Bowen.
Le Prix Bayeux-Calvados "récompense des reportages sur une situation de conflit ou ses conséquences pour les populations civiles, ou sur un fait d'actualité concernant la défense des libertés et de la démocratie".
Reportage de Mathieu Bellinghen et Jean-Michel Guillaud
Cette année, les rencontres du 24e Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre mettent l'accent sur les journalistes locaux et les fixeurs qui couvrent l'information de leur pays au péril de leur vie.