C'est un procès délicat qui s'est déroulé cette fin de semaine aux assises du Calvados. Un frère et une soeur, âgés de 48 et 58 ans sont jugés pour avoir voulu aider leur mère à mourir alors que la loi ne l'autorise pas. Une question de société.
C'est une question d'actualité sur la fin de vie avec des problèmes d'éthique et de morale pour la société française qui n'arrive pas à trancher sur le débat. Peut-on aider un proche à abréger ses souffrances en fin de vie ?
Le code pénal est formel : c'est une tentative d'assassinat, aggravé par la question de préméditation.
Cette soeur aînée de 58 ans et son frère cadet de 48 ans risquent la perpétuité pour avoir, en 2017, à Bayeux, une nuit froide de décembre, administré à leur maman une surdose de zopiclone, puissant somnifère.
Elle les suppliait depuis des jours
La maman est alors âgée de 81 ans et a été foudroyée par deux AVC en 2012 et 2017. Elle est depuis paralysée sur un lit, souffre de douleurs aux jambes et a perdu la vue.
Une fin de vie qui la plonge dans une détresse psychologique très forte. Effondrés, perdus de voir leur maman pleurer et supplier la fin, le frère et la soeur craquent.
On a essayé de soulager maman à notre façon. Elle voulait en finir. J'étais à l'époque comme un robot, je ne pensais qu'à ça !
Sa soeur et lui sont complices et très proches de leur maman. Elle leur demande ce "service" à tour de rôle, dans l'intimité de la douleur et des crises de détresse.
"Je n'avais en moi que de la colère et tristesse", avoue la fille.
Elle résiste aux somnifères et est encore en vie
Après lui avoir donné ses médicaments, les enfants s'éloignent mais quelques heures plus tard, la maman respire toujours. Elle dort profondément, mais respire.
La culpabilité les envahit. Et si c''était encore pire pour elle maintenant?
Ni l'un ni l'autre n'ont fait de grandes études et sont capables d'évaluer l'état de leur maman.
"On s'est tout de suite sentis coupables et on a appelé le SAMU." Au médecin, ils avoueront tout. C'est l'hôpital de Bayeux que fera le signalement au Parquet.
La maman, depuis les faits, est toujours en vie en septembre 2020 et ne leur demande plus rien, pour les protéger.
Son état ne s'est pas amélioré.
On est entre le conflit de loyauté et la souffrance psychologique
Dans ce procès, il n' y a pas de partie civile, les trois autres frères et soeurs ne demandent rien. Cependant, les liens de la fratrie ne sont plus les mêmes. Quelque chose est cassé.