Après sa défaite à Ajaccio, concurrent direct pour le maintien en Ligue 2, le SM Caen se retrouve dans la zone rouge, avant-dernier du classement. Rares ont été les saisons où le club normand fut aussi mal classé au milieu de l'hiver. Focus sur les dénouements de ces saisons de galère.
En s'inclinant à Ajaccio (2-1) vendredi dernier, le SM Caen est tombé pour la première fois de la saison dans la zone de relégation directe, prenant la place inconfortable de son adversaire du soir. Le Stade Malherbe reste sur une série de cinq défaites consécutives.
Force est de constater que l'arrivée de Bruno Baltazar en lieu et place de Nicolas Seube n'a pas généré le choc psychologique escompté par le clan Mbappé. Il reste encore près d'une moitié de saison pour se relever et éviter une relégation historique. Par le passé, le SMC s'est déjà retrouvé relégable fin janvier... et il s'en est toujours sorti.
En 98, une double relégation évitée de justesse
Quelques mois avant le premier sacre mondial des Bleus, Caen est mal en point, 20e sur les 22 équipes de D2. Pourtant, Malherbe visait la remontée immédiate dans l'élite après une relégation assez injuste sur l'autel du passage de la D1 à 18 clubs.
Mais la saison s'emboîte mal, pour sa première expérience sur un banc, l'Argentin Gabriel Calderon est remercié en novembre, après un bilan de 4 victoires, 5 nuls et 9 défaites. "Il avait une philosophie de jeu particulière, très énergivore. On faisait un gros travail d'endurance la semaine et on manquait de fraîcheur le week-end", se souvient Johan Gallon, qui a débuté sa carrière sous les ordres du Sudaméricain. Son coéquipier Jimmy Hébert renchérit : 'Il m'avait dit 't'inquiète pas, on sera des avions'. Trois mois après, on était des avions mais on ne savait plus jouer au foot",
Sous l'impulsion du néocoach Pascal Théault, Caen se donne un peu d'air mais rechute en hiver. Début février, alors qu'il ne reste plus que 13 matchs à disputer, le club normand est relégable. Le spectre d'une double relégation plane au-dessus de la ville aux cent clochers.
Les joueurs ne passent pas de très bons à moyens en quelques mois, c'est plus un problème mental que de qualité de joueurs. C'est la mauvaise dynamique qui a un impact. Il faut changer l'approche psychologique des matchs : accepter de jouer moins bien et se donner à fond sur chaque action.
Johan Gallon, ancien joueur du SM Caen (1997-2001) - actuel directeur des activités de l'association
"On a trouvé des liens de solidarité entre nous qui nous ont permis de gagner des matchs, se remémore Johan Gallon, 20 ans à peine à l'époque. Quand vous avez une équipe pour jouer les premiers rôles et qu'on se retrouve en queue de championnat, entre les ambitions et la réalité, il y a un fossé énorme. Ça doit être une prise de conscience totale".
Cette année-là, "l'entraide, le don de soi, la combativité" avaient permis au SMC de se relever à temps. Une série de six victoires en sept matchs le replaçait même dans le ventre mou (9e au final).
2003, un air de ressemblance
Autre saison où le peuple rouge et bleu a tremblé : 2002-2003. Durant l'été, le club vit un changement de présidence, tiens, tiens... Guy Chambily passe la main à Jean-François Fortin dans une transition toutefois bien moins complexe que celle de l'été dernier, les deux hommes s'entendant à merveille. L'intersaison voit aussi Patrick Remy arriver sur le banc, en lieu et place d'Hervé Gauthier.
Sur le terrain, l'équipe démarre bien la saison. La bande à Dumas, Sarr, Watier ou encore Bodmer remporte ses deux premiers matchs, et malgré de nombreux nuls, reste dans la course à la montée jusqu'à fin octobre. S'en suit une terrible série hivernale de dix matchs sans victoires dont six défaites.
Le SMC chute vertigineusement à la 18e place... Il y reste jusqu’à début février. "Quand tu enchaînes des mauvais résultats, individuellement, c'est plus dur. Tu as les pieds qui tremblent, tu ne demandes plus le ballon, tu perds ton niveau", relate Jimmy Hébert, qui a passé une décennie en rouge et bleu.
La fierté doit prendre le dessus, le sens des responsabilités aussi. On n'a pas le droit de laisser des salariés sans job, demain.
Jimmy Hébert, ancien joueur du SM Caen (1996-2006)
En dix ans, c'est peu dire qu'il a connu des hauts et des bas à Malherbe. Souvent, la solution pour se sortir des spirales négatives venait de l'intérieur du vestiaire... et "d'une bonne bouffe entre joueurs". Pour l'ancien capitaine du SMC, l'important est d'avoir "une équipe de potes qui s'entendent bien en dehors du terrain. Pour y arriver, il faut être déterminés tous ensemble. Quand les cadres montrent l'exemple, les jeunes suivent".
Un finish en boulet de canon
En 2003, le déclic s'était produit avant - ou pendant - un match contre Gueugnon, remporté 3-0. Par la suite, les Caennais avaient réalisé un parcours presque sans faute (12 matchs : 6 victoires, 5 nuls et une seule défaite) pour terminer la saison à la 6e place du classement.
Toutefois, Jimmy Hébert estime que l'état d'esprit des joueurs de football a énormément évolué depuis la période où il jouait. "Le foot d'aujourd'hui est beaucoup plus individualiste que collectif, on pense aux statistiques, à son image, aux contrats. Nous, on jouait pour le plaisir. Dans les moments difficiles, il faut d'abord penser à où tu es, pas au plan de carrière".
Bruno Baltazar et les dirigeants malherbistes peuvent être rassurés, Caen a déjà réussi à se sortir de situations bien compliquées au mois de janvier. Il leur reste maintenant à trouver les clés pour relancer la machine à gagner, durablement.