Le cheval s'est éteint à l'âge de 28 ans ce lundi 3 février dans un haras de la Manche. Jag de Bellouet portait sa tunique étoilée de champion, lui qui avait remporté le prix d'Amérique en 2005 et qui fut l'un des plus grands cracks de sa génération.
Le haras de la Cour a le cœur gros. Son grand champion Jag de Bellouet s'en est allé lundi après-midi à 16h14. "Pour la première fois depuis très longtemps il a mis un genou à terre et s’est laissé tomber au sol", écrit Emma Couetil sur la page Facebook du haras. "Nous l’avons veillé jusqu’au bout en hommage au formidable champion et superbe cheval qu’il était".
Sur le toit du monde en 2005
La photo est poignante. Elle montre le champion couché dans son box, entouré de ceux qui le choyaient au quotidien. Jag portait sa tunique rouge étoilée de champion. Emma Couetil ajoute ajoute : "Personne ne t’oubliera mon Chonchon"
Ce cheval fut l'un des grands cracks de ce siècle. En 2005, il a réalisé un incroyable doublé, jamais réédité depuis. En quelques jours, Jag de Bellouet a remporté le prix de Cornulier, la plus grande course de trot monté, et le prix d'Amérique, qui passe pour être le championnat du monde des trotteurs.
On l'appelait le Cannibale
Le cheval était entraîné et drivé dans la Manche par Christophe Gallier. Il apartenait à son père, Michel Gallier qui est aujourd'hui inconsolable : "C'était le grand Jag. Il était monstrueux, hors-norme. C'est un cheval qui n'avait aucun défaut. Il était à l'aise su des distances courtes, sur longue distance, aussi fort monté que attelé".
L'animal avait son caractère. Affable à l'écurie, impitoyable sur la piste. "C'était un gagneur. Il ne voulait pas avoir de chevaux devant lui". Jag de Bellouet était affublé de plusieurs surnoms qui disaient la crainte qu'il inspirait à ses adveraires. "La Suède l'appelait le Cannibale. Pour d'autres, c'était le bulldozer. J'ai aussi entendu le Jaguar, sourit Michel Gallier. Du coup, j'en avais acheté une ! "
Jag a cumulé 4 223 699 euros de gains en course. Sa carrière a été ternie en 2006 après une deuxième victoire dans le prix d'Amérique par la suite retirée. Jag fut disqualifié a posteriori après un contrôle antidopage positif, "une contamination accidentelle d'un lot de vitamines", rappelle Le trot.
"C'est le cheval d'une vie"
Une fois retiré des champs de courses, Jag de Bellouet a entamé une carrière d'étalon. Il a donné une lignée de bons chevaux comme la jument Granvillaise Bleue, championne de trot monté, elle aussi élevée par Michel Gallier. "C'est le cheval de toute une vie car il m'a fait sortir des champions. Il y a encore trente de ses produits qui courent tous les jours. Il y en a au moins neuf qui font des places à chaque fois".
Depuis l'annonce de sa mort, les hommages affluent sur les réseaux sociaux. "Le crack des cracks! Le Seigneur de Vincennes ! Vitesse, tenue, dureté ! Une légende des courses s'en va", écrit un de ses supporters. "Des gens venaient régulièrement de loin pour le voir. C'était une sorte de pélerinage", raconte Michel Gallier.
Les amoureux du trot sont inconsolables. Sur Facebook, son fils, Dimitri Gallier confie : "Mes oreilles résonnent encore du "FORRRRR MIIIII DAAAAAABLE !!!" de Pierre-Joseph Goetz dans la ligne d'arrivée. Un instant magique, un cri du cœur à la hauteur de ton immense talent".
En guise d'adieu, le haras de la Cour cite Jim Morisson : "Quand je serai parti, cherchez-moi dans les photographies, trouvez-moi dans mes livres, dans mes chansons, dans mes poèmes, dans ma musique. Cherchez-moi dans toutes les choses que j’aime le plus, car c’est seulement en elles que vous trouverez mon âme". Michel Gallier n'a pas prévu de statue ou de monument à son effigie : "Je le garde dans mon coeur".