Une nouvelle fois, le SM Caen est à la croisée des chemins. Sur le terrain comme en coulisses, la période est cruciale. Si la réorganisation sportive est en marche, des bouleversements de l'organigramme du club sont aussi envisageables. Nous avons imaginé plusieurs issues à la crise actuelle.
Pour la quatrième fois en quatre ans et demi, le SM Caen vit une période cruciale de son histoire, aussi bien sportive que structurelle. Président du conseil de surveillance, Pierre-Antoine Capton a tout un tas de pains sur la planche. D'un côté, il doit finaliser le rachat des parts du fonds d'investissement américain Oaktree, qui possède encore 80% du club. De l'autre, il a la nécessité de lancer une nouvelle politique sportive.
L'éloge de la patience
Fera-t-il quelques ajustements, ou ira-t-il jusqu'à bouleverser en profondeur l'organigramme du club normand ? Les fans du SMC n'auront sans doute pas de réponses avant la fin du mois. Oaktree fait visiblement traîner les négociations puisque la dernière offre de Pierre-Antoine Capton prenait fin mercredi 15 novembre, et qu'au lendemain de cette date butoir, il n'y a toujours pas eu de fumée blanche.
Quant à la nomination d'un nouvel entraîneur pour succéder à Jean-Marc Furlan, elle devra aussi attendre au moins quinze jours. Le coach aux cinq montées en Ligue 1 a été mis à pied le 7 novembre. Hier, 15 novembre, son licenciement lui a été signifié. Prochaine étape, le passage devant la commission juridique de la LFP, normalement fixée au 28 novembre. Toutefois, une réunion anticipée est aussi possible. D'ici-là, que se passera-t-il ? Voici plusieurs scénarios qui s'offrent à Pierre-Antoine Capton, du plus plausible au plus invraisemblable.
- Hypothèse n°1 : Garder le cap dans la tempête
Après plusieurs semaines de fortes turbulences, le SM Caen repart de l’avant. Qualifié sans trembler en Coupe de France, le club normand s’impose à la surprise générale à Angers. Dans le même temps, Oaktree vient de céder, Pierre-Antoine Capton est seul maître à bord. Toutefois, sans budget extensible, il se résout à croire en ses hommes en place.
Olivier Pickeu demeure président, et Patrice Sauvaget, jusqu’alors intérimaire et dans l’expectative, est finalement promu entraîneur principal. Le natif de Fougères se fait une raison, c’est quand même la chance de sa vie d’être seul aux commandes d’une équipe professionnelle. Le changement dans la continuité.
- Hypothèse n°2 : L’heure du Héros
Caen est toujours en grande difficulté sportive. L’intérim de Patrice Sauvaget n’est pas concluant. D’autant que celui qui est officiellement adjoint n’exprime pas l’envie féroce d’occuper le poste de numéro 1. Son fidèle complice Stéphane Moulin s’étant récemment déclaré à nouveau sur le marché, il n’attend qu’une chose : le retrouver pour une nouvelle aventure.
Du côté de la direction, Pierre-Antoine Capton a enfin récupéré les parts d’Oaktree, qui n’a pas été tendre en négociations. En conséquence, le budget est serré. Impossible de signer un entraîneur confirmé, d’autant plus que les éventuels intéressés veulent absolument venir avec leurs staffs, pour éviter de se retrouver dans l’indélicate position de Furlan. Dans ce marasme, une solution en interne s'impose : Nicolas Seube.
Depuis qu’il a raccroché les crampons en 2017, le joueur le plus capé de l’histoire du club n’a qu’une ambition : coacher le SMC. Ce n’est pas la période idéale pour s’asseoir sur le banc, qu’à cela ne tienne, il en a vu d’autres. Bien qu’il n’ait pas le diplôme requis pour entraîner en professionnel, le directeur du centre de formation monte en grade, et le club se résout à payer l’amende de 12 500 € par match. C’est toujours moins onéreux que de recruter un technicien confirmé et les adjoints qui vont avec.
- Hypothèse n°3 : Deux anciens de la grande époque à la barre
Soulagé, mais fatigué par le long processus de reprise totale du club, Pierre-Antoine Capton n'a pas l'énergie pour un second bouleversement. Il reste sur son idée originelle de refonte du club par le sérail malherbiste.
Olivier Pickeu est donc conforté en tant que président, malgré la fronde de certains supporters à son encontre. Pour remplacer Jean-Marc Furlan, ce dernier propose d'engager un ami de longue date, ancien partenaire en rouge et bleu au début des années 90 : Philippe Montanier. La venue de l'ex-coach de Toulouse, dernier vainqueur de la Coupe de France, n'est pas anodine au niveau financier.
Toutefois, Malherbe ne peut pas se permettre de se manquer une nouvelle fois. Sa politique sportive doit être claire et ambitieuse. À ce titre, Montanier apparaît comme la solution idoine après ses passages réussis à Lens et Toulouse. Après plusieurs rendez-vous manqués ces dernières années, le natif de Vernon s'assoit enfin sur le banc du SMC.
- Hypothèse n°4 : Retour vers le futur
Dans cette hypothèse, Pierre-Antoine Capton a réussi à signer un bon deal avec Oaktree. Satisfait après des mois d’âpres négociations, il souhaite rebattre les cartes au sein du club, cherche à tout prix la sérénité. À contrecœur, il se sépare d’Olivier Pickeu, trop décrié et clivant. D’ailleurs, l’audit réalisé en fin d’été montre que l’organisation au sein du club n’est pas optimale.
À la fois déçu et nostalgique, PAC monte dans la machine à remonter le temps pour aller convaincre son ami Jean-François Fortin de venir lui donner un coup de main pour redresser le club. Pour rappel, c’est l’ancien patron des Maîtres Laitiers du Cotentin qui a parrainé celui qui n’était alors que le jeune producteur TV qui monte. D'ailleurs, lors de sa prise de pouvoir en 2021, Capton disait de Fortin qu'il était "l'ADN du club".
Qui d’autre donc que le Manchois et ses 16 ans de présidence pour lui garantir la stabilité. Côté terrain, les deux hommes s’accordent pour un retour de Patrice Garande. Aucun autre entraîneur libre ne connaît mieux le SMC que lui. Surtout, Garande à Caen est synonyme de réussite et d’émotion : 4e de Ligue 2 pour sa première saison, promu en L1 pour sa deuxième, il a aussi obtenu quatre maintiens dans l’élite. Aucun autre coach n’a fait aussi bien dans l’histoire du club normand. Depuis son départ, il est passé à un cheveu de faire remonter Toulouse, et a réussi à maintenir un Dijon bien mal embarqué.
Si ces hypothèses sont bien évidemment fictives à l'heure où l'on écrit ces lignes, il n'est pas impossible qu'une part de vérité, d'intuition et de prémonition s'y cache. D'ici à deux semaines, peut-être davantage, la planète rouge et bleu sera placée sur un nouvel axe pour tourner, espérons-le, dans le bon sens.