Réforme des retraites : Forte affluence à Caen au rassemblement qui se transforme en manifestation

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Avant la 10e journée d'action nationale programmée le 28 mars prochain, l'intersyndicale avait appelé à un rassemblement devant la préfecture du Calvados ce samedi. Les manifestants sont finalement partis en cortège dans la ville.

Ce n'était pas le grand soir ni la manifestation du 23 mars dernier où près de 40 000 personnes, selon les syndicats, avaient battu le pavé dans les rues de Caen lors de la neuvième journée d'action nationale contre la réforme des retraites. Mais l'intersyndicale ne s'attendait sans doute pas à une telle affluence puisqu'à l'origine un "simple" rassemblement" était organisé devant la préfecture du Calvados. 

Un important dispositif policier, fourgons et CRS lourdement équipés, barrait les rues bordant le bâtiment à l'arrivée des manifestants. Après une prise de parole d'un représentant de l'intersyndicale juché sur un des deux camions mobilisés pour l'occasion, les deux véhicules se sont mis en mouvement invitant les personnes rassemblées devant la préfecture à se mettre en mouvement. Un membre de la CGT, chargé d'assurer la sécurité, nous confiait alors qu'il avait été décidé, au regard de l'affluence, de partir en manifestation plutôt que de rester sur place.

Encore de l'espoir ?

Les syndicats ont recensé près de 3000 personnes ce samedi à Caen (contre 1900 selon les forces de l'ordre). "On ne va pas lâcher, on ne lâchera rien jusqu'au retrait de la réforme", lance une membre de la CGT, derrière la banderole de tête, "Malgré ce qui a pu se passer sur les derniers jours, on a malgré tout encore du monde qui vient là. On a donc bien entendu un espoir et on ne va pas lâcher."

"Ça fait des décennies qu'on nous dit que c'est la crise. Ce vieux monde est en train de crever. Il faut l'accompagner pour que ça aille plus vite. Donc on ne lâche rien. On est encore plus motivés. Plus ils nous envoient de la haine, plus on est ensemble. Cette solidarité, ça fait 40 ans que je l'attends", lance une manifestante.

Si ce diagnostic semble partagé par bon nombre de personnes dans le cortège, l'optimisme de cette dame ne fait pas forcément l'unanimité. "C'est un problème de régime, c'est même un problème culturel. Nous n'avons plus voix sur rien. Il y a une caste au pouvoir et, manifestement, le processus législatif ne fonctionne plus depuis une bonne vingtaine d'années. Si je suis là c'est que j'aimerais que ça change mais je ne crois pas que le gouvernement modifiera quoi que ce soit. C'est malheureux à dire. Je ne vois pas comment on peut faire l'économie de la violence. Ces gens-là n'entendent rien , ils ne changeront pas", commente tristement un homme d'une quarantaine d'années.

Les CRS en nombre : "une provocation"

A 80 ans, Raymond est en retraite depuis près d'une vingtaine d'années. Il est tout de même présent ce samedi après-midi pour battre le pavé dans les rues de Caen. "Je suis mobilisé depuis 1968 à peu près", plaisante cet ancien proviseur. "J'ai fait beaucoup de manifs. Il y a des présidents de la République avec lesquels je n'étais pas d'accord. Mais je crois que c'est la première fois qu'on en a un qui manifeste un tel mépris pour les gens et qui le leur fait sentir, qui n'a strictement rien à faire de la vie des gens, qui gère uniquement à partir de tableaux Excell."

Le cortège a pris la direction de l'hippodrome et longé la prairie avant de gagner les quais de juillet. Les fourgons de CRS, stationnés de part et d'autres de la préfecture avant le rassemblement, se sont positionnés sur les ponts enjambant l'Orne, empêchant ainsi les manifestants de traverser. "Clairement, ce suréquipement et cette surprésence des force de police, alors qu'on est face à une manifestation familiale, bon enfant et pacifique, témoignent d'une volonté d'utilisation politique des forces de l'ordre",  estime un membre du syndicat FSU, "Tout simplement, on cherche la provocation pour dire qu'il y a eu des affrontements."

Aux environs de 16 heures, le cortège est arrivé place Saint-Pierre. Les forces de l'ordre étaient là pour empêcher les manifestants d'emprunter la rue piétonne du centre-ville. Ces derniers ont donc poursuivi leur chemin rue de Geôle, direction l'université de Caen. Sur l'esplanade de la paix, devant le campus 1, les syndicats ont annoncé la fin officielle de la manifestation. Selon un participant, certaines personnes "un peu plus énervées" ont alors tenter de regagner le centre-ville en passant par la rue du Gaillon. En contrebas les attendaient les CRS qui ont lancé des lacrymogènes. Certains de leurs collègues étaient également déployés dans des rues adjacentes de l'esplanade de la paix pour contenir les manifestants.

La prochaine journée d'action nationale contre la réforme des retraites, la dixième, est programmée ce mardi 28 mars.

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