L'université de Caen dispose d'une maquette de 70m2 représentant la Rome de l'Antiquité. Son Centre interdisciplinaire de réalité virtuelle en a fait une reproduction en images de synthèse. La visite est désormais accessible à tous via une tablette ou un ordinateur.
Au début du XXe siècle, Paul Bigot et d'autres de ses confrères sont missionnés pour réaliser des plans de la Rome antique au temps de l'empereur Constantin (IVe s. apr. J.-C.). L'architecte normand, Grand prix de Rome en 1900, fait forte impression avec son plan en relief. Il est encouragé à poursuivre. Achevée au début des années 30, sa maquette en plâtre reproduit la totalité de la cité romaine sur une superficie de 70 m2. Elle sera léguée à l'un de ses élèves, Henry Bernard, l'architecte de la reconstruction de l'université de Caen.
En 1994, le plan de Paul Bigot sert de base à un ambitieux projet : reproduire en images de synthèse la totalité de la Rome antique. Aujourd'hui, ce "plan virtuel" réalisé par le Cireve (Centre interdisciplinaire de réalité virtuelle) de l'université de Caen couvre 40% de la cité. Il est régulièrement mis à jour au fil des découvertes scientifiques. Mais la visite virtuelle n'était jusqu'à récemment possible qu'en conférence.
Elle est désormais accessible au plus grand nombre, depuis le mois de juin sur tablette ou smartphone Androïd, et depuis ce lundi sur PC via l'application "Roma in Tabula" développée par le Cireve. "Cette fois, le public va pouvoir faire la visite à son rythme, comme il le veut en ayant accès à toutes les informations scientiques qu'on donnait oralement auparavant", explique Philippe Fleury, le directeur du Cireve.
Un outil pédagogique et scientifique
Concrètement, il est possible de se promener librement, le pad en main, dans une dizaine de monuments emblématiques de Rome comme le Temple de Castor Pollux, la Basilique de Constantin ou le Colisée. L'application va être régulièrement mise à jour et d'autres sites sont déjà en cours de conception pour être ajoutés à cette visite virtuelle. "L'objectif, à terme, c'est de mettre la ville complète à disposition du public." Des personnages virtuels pourraient également être ajoutés afin de rendre la cité virtuelle plus vivante.L'application a bien évidemment un but pédagogique pour le grand public. Mais elle a également une visée scientifique. "Ce que nous proposons à travers ce plan ce sont des hypothèses de restitution. Avec cette application, n'importe quel chercheur peut "prendre" l'hypothèse, circuler à l'intérieur et émettre des critiques ou la confirmer. On espère inciter une recherche participative auprès des chercheurs du monde entier", indique Philippe Fleury.
Reportage d'Erwan de Miniac et Thierry Cléon