A Lisieux, l'usine Sidel fabrique des machines pour conditionner des produits alimentaires. Les 109 salariés ont appris à la mi-octobre que le site pourait fermer ses portes l'an prochain. 73 d'entre eux se sont rendus à Paris ce lundi 14 novembre pour un rendez-vous au ministère de l'économie et des finances.
Le plus de monde possible pour faire entendre leurs voix. Ce lundi 14 novembre, 73 des 109 salariés du site Sidel de Lisieux sont montés dans le car affrété tout spécialement pour l'occasion. Direction Paris, Bercy plus précisément, pour un rendez-vous avec Guillaume Cadiou, le délégué interministériel aux restructurations d’entreprises au ministère de l'économie et des finances. L'UNSA, seul syndicat présent dans l'entreprise, avait déposé un préavis de grève pour permettre au plus grand nombre de participer au voyage. Certains salariés, ne pouvant se passer d'une journée de salaire en moins, ont préféré poser une journée de congé pour monter sur la capitale.
"L'idée, c'est de leur (le ministère de l'économie) donner l'alerte vis à vis de ce qui se passe mais aussi de leur demander de nous aider à maintenir l'emploi sur le site de Lisieux", explique Valérie Cattenoz, élue UNSA et responsable produit chez Sidel. La représentante syndicale et trois autres de ses collègues ont été reçus au ministère ce lundi après-midi pour un entretien d'une heure et demie.
Pour les 109 salariés de l'usine Sidel de Lisieux, le coup de massue est tombé le 13 octobre dernier. Leur usine pourrait fermer à la fin de l'année 2023. Dans un communiqué, la direction a justifié sa décision par la volonté de créer des synergies au sein du groupe Sidel pour réaliser des économies. 54 postes pourraient être relocalisés sur le site d'Octeville-sur-Mer, près du Havre et 16 à Corcelles-lès-Cîteaux en Bourgogne-Franche-Comté.
"La négociation du PSE n'est pas à l'ordre du jour"
Cette annonce de fermeture ne s'est pas déroulée dans les formes, elle est intervenue avant la procédure d'information-consultation du Comité Social et Economique (CSE) de l'entreprise. Le 3 novembre dernier, lors de la réunion du CSE, la direction de Sidel a accepté l'intervention d'experts pour valider ou non le motif économique de la fermeture du site et des licenciements. Un motif que les représentants du personnel, assistés de leur avocat et de l'expert Michael Wamer, se sont employés à démonter ce lundi à Bercy, tout comme les problématiques de qualité des produits finis pointées par la direction. "La négociation du Plan de Sauvegarde pour l'Emploi (PSE) n'est absolument pas à l'ordre du jour, nous n'entrons pas dans les négociations", lance Valérie Cattenoz
"Sidel va devoir s'expliquer devant l'Etat"
Au cours d'un entretien de près d'une heure trente au ministère de l'économie et des finances, "les représentants du personnel ont eu l'occasion d'expliquer qu'il y avait une volonté délibérée de désorganiser le site industriel de Lisieux", raconte le député (Horizon) Jérémie Patrier-Leitus qui accompagnait la délégation. Ce mardi, c'est la direction qui sera à son tour reçu à Bercy. "Le délégué interministériel a dit qu'il pousserait Sidel dans ses retranchements et que demain (ce mardi) l'échange serait vif, qu'il leur demanderait de se justifier point par point sur tous les dysfonctionnements. Demain, Sidel va devoir s'expliquer devant l'Etat. Et dans la foulée, un nouveau rendez-vous sera organisé avec les représentants syndicaux et leurs avocats dans les jours à venir."
L'entreprise qui fabrique des machines pour conditionner des boissons ou des produits alimentaires existe depuis plus de 50 ans à Lisieux. Elle a été créée en 1965 par Jean Delapierre sous le nom de Ouest Conditionnement. Au début des années 9O, elle a été racheté par Sidel, alors numéro 1 mondial des constructeurs de machines à fabriquer des bouteilles en plastique. L'ex numéro 1 a depuis été intégré au groupe suédois Tetra Laval.