Témoignage. "Enfin la justice nous entend !" : une victime, ancienne inspectrice académique, s'exprime après la réouverture de l'affaire du bestiaire

Publié le Écrit par Clémence Blanche

Le procureur de Caen relance l'affaire du bestiaire, révélée par Ici Normandie en 2022 : un document comparant les inspecteurs et inspectrices de l'Éducation nationale du Calvados à des chiens, et circulant parmi la direction. Une des victimes d'outrage témoigne ce vendredi 10 janvier 2025.

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À chaque page du document, une photo de chien accompagnée d'une description humiliante. L'affaire dite du bestiaire, révélée par nos confrères et consoeurs d'Ici Normandie en octobre 2022, n'en finit pas de faire couler de l'encre. 

Après le dépôt d'une dizaine de plaintes et une première enquête judiciaire classée sans suite faute d'éléments probants, un nouveau rebondissement est arrivé jeudi 9 janvier 2025. Le procureur de Caen, Joël Garrigue, annonçait au micro d'Ici Normandie vouloir à nouveau instruire le dossier grâce à de nouveaux éléments.

"Un soulagement, enfin la justice nous entend !", a réagit devant nos caméras l'une des victimes, Corinne Sourbets, ce vendredi 10 janvier. L'ancienne inspectrice de l'académie du Calvados, à la retraite depuis trois ans, nous a accordé un entretien sur cette sordide affaire.

"Fourbe, menteur, mauvais comme la gale"

Retour en arrière : en 2022, Corinne Sourbets alerte sur la situation qu'elle et ses collègues vivent depuis maintenant quelques années. Elle dénonce la circulation dans le rectorat d'un document d'une vingtaine de pages comparant les inspecteurs et inspectrices académiques du Calvados à des chiens, et ce, en des termes très dégradants.

"Têtu comme une mule, on se demande s'il est aussi bête que ce qu'il veut nous faire croire", peut-on lire au fil des pages. Ou encore : "Fourbe, menteur, mauvais comme la gale.. on l'a fait castrer de peur qu'il se reproduise".

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"C'était humiliant !", s'exclame sans détour l'ancienne inspectrice du Calvados. "Quand on a découvert cela, j'étais personnellement en fin de carrière donc je l'ai pris sans doute avec un peu plus de distance que certains collègues qui craignaient des répercussions. Et forcément cette distance m'a permis de pouvoir alerter".

Une première enquête judiciare est alors ouverte en plus d'une enquête interne menée par le rectorat. Des suspicions se font sentir sur les auteurs de telles caricatures mais aucune preuve n'est trouvée. L'affaire est d'abord classée sans suite.

Puis, un mail comprenant ledit document compromettant est découvert. Il avait été envoyé par Claude Chotteau, un ancien directeur académique adjoint du département, à d'autres membres de la direction académique. Ce dernier a finalement avoué être l'auteur du bestiaire.

"Quelque chose de plus grave derrière"

Un bestiaire tel le sommet d'un iceberg, révélateur de problèmes bien plus profonds. "J'ai trouvé ça ridicule dans un premier temps puis après je me suis dit finalement, il y a quelque chose de plus grave derrière : l'ambiance était tellement délètere, violente dans le climat de travail", révèle Corinne Sorbets.

Ce bestiaire a été un détonateur, il a permis de nous réveiller. On s'est habitué à cette violente ambiance de travail, ce n'était pas seulement une petite plaisanterie entre amis mais un témoignage de ce qu'on vivait au quotidien, du mépris et de la défiance

Corinne Sorbets

inspectrice académique à la retraite et victime

Le procureur de Caen a en effet indiqué qu'il poursuivait des investigations plus larges sur de possibles faits de harcèlement au sein de la direction académique du Calvados ainsi que divers "dysfonctionnements".

"Ce bestiaire a été un détonnateur, il a permis de nous réveiller, continue-t-elle. On s'est habitué à cette violente ambiance de travail, ce n'était pas seulement une petite plaisanterie entre amis mais un témoignage de ce qu'on vivait au quotidien, du mépris et de la défiance."

Le caractère diffamatoire n'a pas été retenu dans l'affaire car le bestiaire n'avait pas été diffusé en public. Mais Corinne Sorbets et les autres victimes de l'affaire, rassemblées autour d'une même avocate, n'ont pas dit leur dernier mot.

"Certes ça n'a pas été diffusé directement à l'extérieur mais indirectement, oui. Il a été partagé dans les écoles puisque les directeurs en avaient connaissance !" Preuve qu'il avait fuité d'une manière ou d'une autre en dehors du cercle de Claude Chotteau.

L'ancienne inspectrice se réjouit avant tout que "l'auteur reconnaisse les faits et tout le mal qu'il a fait" et des répercussions "sur la santé et la psychologie de certaines personnes qui ont été très affectées".

Article écrit avec Smon Le Pape, France 3 Normandie

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