Le monde de la petite enfance se mobilise ce lundi 3 février, en réaction à l'adoption par l'Assemblée nationale d'une proposition de loi visant à renforcer l'encadrement des crèches privées à but lucratif.
"Dans ce nouveau projet de décret, il y a plusieurs mesures difficiles à mettre en place" explique Géraldine Guillot Lacaule, fondatrice de la micro-crèche Doucalinou (Calvados), "La première mesure, c'est que dans chaque micro-crèche, il faudra qu'il y ait dans l'équipe un diplômé d'Etat, ce sont les auxiliaires de puériculture, les éducatrices jeunes enfants, les infirmières, infirmières puéricultrices.
La deuxième mesure serait de permettre aux professionnels d'accueillir seul trois enfants, mais uniquement si ce professionnel est diplômé d'Etat, alors qu'aujourd'hui on a dans nos micro-crèches certaines professionnelles qui sont expérimentées et diplômées avec un CAP petite enfance ou qui ont eu le titre d'assistante maternelle avec 3 ans d'expérience. Donc ces professionnelles-là qui sont méritantes, et professionnelles surtout, ne pourraient plus rester seules avec trois enfants. C'est compliqué en termes d'organisation".
Les auxiliaires de puériculture sont inquiètes
"Travailler avec trois enfants, on le fait depuis longtemps. On fait tous le même travail sur le terrain, après c'est juste le diplôme qui change". Justine Mauminot, est animatrice petite enfance depuis 2017. Titulaire du CAP. Elle n'exclut pas de passer le diplôme d'Etat sur son temps personnel, si cela devenait nécessaire. Mais ce diplôme, pour elle, ne changerait pas son quotidien :
"Ça fait 5 ans que je travaille en micro-crèche" explique Julie Geslain, Je suis une ancienne assistante maternelle. Les assistantes maternelles, aujourd'hui, ont le droit d'accueillir toutes seules chez elles, trois enfants, même plus que ça, en n'ayant que 120 heures de formation alors que nous, en CAP petite enfance, nous avons 400 heures de formation si je ne me trompe pas".
"Si demain ma gestionnaire est obligée de fermer, qu'est-ce qu'on va devenir nous,CAP, puisqu'on sera demain des non-diplômés aux yeux de l'Etat, il faudra qu'on trouve autre chose ?" interroge-t-elle.
Des fermetures de crèches en vue ?
D'après les professionnels de la petite enfance, ce décret risquerait d'entraîner pour certaines micro-crèches des diminutions d'amplitude horaire.
"Les CAP ne pourront plus rester seules tôt le matin avec trois enfants pendant une 1/2 heure ou 3/4 d'heures. Ce sont les parents qui vont se trouver en difficulté", d'après Geraldine Guillot Lacaule. "Embaucher une diplômée d'Etat, dans les crèches qui n'en ont pas, c'est une masse salariale en plus et en micro-crèche, notre marge de manœuvre financièrement parlant, elle est relativement réduite. C'est un gros risque dans les prochains mois ou les prochaines années pour toutes les microcrèches indépendantes. On peut penser que certaines seraient obligées de fermer".