De retour dans sa permanence de Vire, Freddy Sertin, député de la sixième circonscription du Calvados et suppléant d'Elisabeth Borne, revient avec nous sur une semaine sous haute tension autour de la réforme des retraites. S'il se dit déçu du recours au 49.3, il regrette surtout l'attitude de l'opposition à l'égard de la Première ministre.
Il est arrivé dans sa circonscription, la sixième du Calvados, en tout début d'après-midi ce vendredi. Pas le temps de souffler, direction sa permanence à Vire où l'attendent plusieurs rendez-vous. Les traits sont tirés. Le député (Renaissance) Freddy Sertin sort visiblement lessivé du marathon parlementaire autour du projet de loi sur la réforme des retraites. Avec, en point d'orgue, cette séance houleuse jeudi 16 mars après-midi, au cours de laquelle la Première ministre a annoncé le recours au 49.3.
France 3 Normandie : Que retenez-vous de ce recours au 49.3 ?
C'est la frustration qui l'emporte. Je souhaitais aller au vote, comme beaucoup de députés. On espérait jusqu’au dernier moment, jusqu’à la dernière minute, pouvoir voter cette réforme, pouvoir avoir une expression libre de l’ensemble du Parlement sur cette réforme. Notre première ministre et le gouvernement, jusqu’au dernier moment, jusqu’à la dernière minute, ont négocié, étudié, avec, au-delà de notre majorité, les représentants de l’arc républicain. Mais malheureusement, nous n’avons pas pu aller au vote.
Nous n’avons peut-être pas fait assez de communication sur cette réforme. Elle est vectrice de progrès social.
Freddy Sertin
Pourquoi ne pas voter malgré tout et prendre le risque ?
Au regard des enjeux économiques de cette réforme, nous devions de toute façon pouvoir la passer. Et donc, aller à un vote pour perdre ce vote ne nous aurait pas permis de pouvoir réformer les retraites tel qu’on le souhaitait et garantir la préservation de notre système par répartition.
Le recours au 49.3 ne risque-t-il pas de causer des dommages dans le pays ?
Nous n’avons peut-être pas fait assez de communication sur cette réforme. Cette réforme porte réellement des évolutions sociales et sociétales relativement fortes. Moi-même, à titre personnel, j’ai porté des amendements, entre autres sur l’amélioration de la fin de carrière des sapeurs-pompiers volontaires. Elle apporte des améliorations pour la carrière des femmes, pour les carrières longues. Elle est vectrice de progrès social. Et qui plus est, sur un certain nombre de petites pensions, elle permettait une revalorisation. Cette réforme est juste.
L’hémicycle est un lieu de débat. Nous pouvons ne pas être d’accord sur les idées mais nous respectons les personnes.
Freddy Sertin
Comment avez-vous vécu le discours d’Elisabeth Borne à l’Assemblée ce jeudi ?
Ça a été un moment d’une extrême violence. Sincèrement, de voir des représentants du peuple, à savoir la Nupes, fouler au pied cette institution qu'est l’Assemblée nationale, m’a retourné le ventre. Ça a été d’une violence rare. J’avais vraiment honte de l’image qu’on pouvait renvoyer, que l’Assemblée nationale pouvait renvoyer à nos concitoyens. L’hémicycle est un lieu de débat. Nous pouvons ne pas être d’accord sur les idées mais nous respectons les personnes. Là, une étape a été franchie dans la violence au sein de cet hémicycle, au regard de l’attitude tant de la Nupes que du Rassemblement national. Les deux extrêmes souhaitent fouler au pied notre Assemblée nationale.
Est-ce que la Première ministre entend les critiques qui émanent du terrain ?
Elle est constamment à l’écoute du terrain. J’échange régulièrement, quotidiennement avec elle ou ses services. L’écoute est là. La présence est là. On savait que cette réforme serait difficile à faire passer. Demander deux ans d’effort supplémentaire à nos concitoyens est un effort. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous portons cette réforme. Mais l’objectif principal pour nous - encore une fois c’est l’intérêt général qui nous dicte - c’est d’avancer sur cette réforme pour préserver notre système par répartition.
Comment vit-elle les critiques ?
Elle les vit comme tout un chacun. À un moment donné, on est forcément affecté par les critiques. Mais de toute façon, l’intérêt général l’emporte. Et l’emportera toujours sur l’intérêt personnel.
Propos recueillis par PMP