Evreux : l'enquête sur le suicide d'un militaire révèle un contexte d'agressions sexuelles

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Écrit par Véronique Arnould

Le 17 novembre 2017, un parachutiste de la BA 105 à Evreux mettait fin à ses jours après avoir été accusé d'agressions sexuelles. L'enquête du Parquet d'Evreux confirme ces faits, et met à jour une série de comportements litigieux.

En novembre 2017, Clément , sergent de l'armée de l'air à la Base aérienne 105 d' Evreux, mettait fin à ses jours à son domicile. Dans une lettre d'adieu adressée à son conjoint Sylvain, il dénonçait des faits de harcèlement dont il se disait victime de la part d'un adjudant.



Deux  jours avant ce suicide, le 15 novembre 2017, Clément avait lui-même fait l'objet d'une dénonciation pour agressions sexuelles.   



Peu de temps après ce drame, une de nos équipes avait rencontré son conjoint Sylvain, pour qui beaucoup d'interrogations subsistaient.



Depuis, le Parquet d'Evreux a établi 4 enquêtes distinctes liées à ces faits.



- L'enquête sur les causes de la mort de Clément Dumont-Cornier : l'ensemble des investigations a permis d'exclure toute intervention humaine extérieure. Le parachutiste de 37 ans a bien mis fin à ses jours seul et par pendaison.



- L'enquête concernant des faits d'agressions sexuelles reprochés à Clément.

Le fait principal dans la nuit du 19 au 20 mars 2017 sur le site militaire de Vernon : les auditions de la victime et des témoins directs confirment que Clément avait bien commis une atteinte sexuelle sur la victime durant son sommeil.

"L'auteur ayant agi par surprise et dans un état d'alcoolémie après avoir consommé plusieurs verres d'alcool fort."



D'autres victimes ont dénoncé des faits d'agressions sexuelles, mais l'action publique est éteinte.



Un militaire du rang a également reconnu avoir filmé la scène avec son téléphone portable "sans se rendre compte, dans un premier temps de la gravité des agissements." Il sera convoqué au tribunal correctionnel d'Evreux en septembre prochain.





-Enquête pour harcèlement moral dans le cadre du travail



Dans une lettre adressée à son conjoint, Clément se plaignait d'être victime de harcèlement de la part d'un supérieur. Selon le Parquet, les faits reprochés dans cette lettre sont trop succincts, les investigations n'ont pas permis de recueillir d'éléments suffisants pour démontrer le harcèlement moral





- Une dernière enquête a été menée concernant cette fois-ci Sylvain le conjoint du militaire décédé.

En janvier 2018, on lui reproche d'avoir adressé un SMS à une des victimes des agressions sexuelles de Clément. Il le menaçait notamment "de diffuser des photos".

Il a fait l'objet d'un rappel à la loi pour infraction de menace et acte d'intimidation .



De son côté, l'Armée de l'air a effectué une enquête de commandement pour faire toute la lumière sur ces agissements au sein de l'escadron auquel était rattaché le sergent mis en cause.

Le porte-parole de l'Armée de l'air nous informe qu'au moins 5 militaires ont fait l'objet de sanctions disciplinaires et ont été mutés.

Le caporal chef qui a filmé l'agression pourrait lui aussi faire l'objet de mesure disciplinaire.



En parallèle de cette enquête, l'Armée de l'air tient à rappeler qu'elle condamne totalement toute forme de discrimination qu'elles soient raciales, religieuses ou d'orientation sexuelle. Elle incite les victimes à porter plainte, une cellule d'écoute est d'ailleurs en place au Ministère de l'Armée.







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