Cette plante originaire d'Afrique, arrivée en Normandie à la fin des années 2010, séduit par ses qualités, surtout dans un contexte de manque d'eau et de hausse des températures.
Les temps changent. Et le temps aussi : moins de pluie, plus de soleil et des températures en hausse. Des modifications climatiques qui, ces dernières années, obligent les agriculteurs de Normandie à s'adapter.
Exemple à Lignerolles (dans le sud de l'Eure) où Pascal Milcent a fait le choix de cultiver du sorgho.
"Les étés sont de plus en plus secs, ou au moins de plus en plus chauds. Et le sorgho est une plante qui a cette capacité de pousser avec moins d'eau que le maïs ou le tournesol."
Baptiste Robin, conseiller en cultures à la chambre d'agriculture de l'Eure
C'est une plante que l'on n'a pas l'habitude de voir dans les champs normands. A Lignerolles, on en trouve 12 hectares, plantés en mai 2022. Comme il l'a expliqué à notre journaliste Frédéric Lafond, Pascal Milcent voulait tester cette culture :
"Elle résiste énormément aux fortes températures, mieux certainement que du maïs. C'est pour cela qu'on a essayé et on la trouve intéressante là où nous sommes, dans une région sèche, avec beaucoup moins de pluviométrie que dans le nord du département de l'Eure."
Le sorgho ? Que des qualités !
D'abord la culture du sorgho permet d’effectuer plus de rotations céréalières dans les champs normands, en plus du blé, de l'orge et du colza. Ensuite, comme l'indique Baptiste Robin, conseiller en cultures à la chambre d'agriculture de l'Eure, la pousse de cette céréale venue du sud n'a pratiquement pas besoin d'intrants :
"Pour le sorgho, on a besoin d'herbicide et de fertilisation. Mais tout ce qui est insecticide et fongicide : on en n'a pas besoin !"
Côté usages, le sorgho est une céréale dont les grains permettent de produire (après séchage) de la farine sans gluten. En tant que plante fourragère elle est utilisée dans l'alimentation des porcs et des volailles.
La culture du sorgho est en plein essor et se développe au nord de la Loire. Avec 122.000 hectares de sorgho, en 2020 (année durant laquelle les ventes de semence ont augmenté de 60%), la France était le 2e pays plus gros producteur en Europe juste derrière la Russie.
De nombreuses coopératives agricoles, comme Euralis (qui a débuté la sélection des semences dès les années 80) misent sur le sorgho :
"C’est une céréale qui s’adapte très bien au changement climatique. Elle permet à l’agriculteur de sécuriser sa production, d’assurer une diversification de la rotation des cultures. Elle peut être une culture de remplacement intéressante quand les productions habituelles subissent de mauvaises conditions météo ou sont touchées par des parasites. Pour les éleveurs, c’est aussi une façon de sécuriser leurs approvisionnements en fourrage. En outre, les débouchés du sorgho sont nombreux et variés."
En 2022, à l'image de la création récente de nombreuses vignes sur les côteaux normands, la culture du sorgho (lancée dans le sud-ouest de la France il y a 30 ans) est arrivée avec succès en Normandie.