Elles seront reçues lundi par l'un des juges qui instruit le volet financier de l'affaire.
"C'est une victoire pour les familles de victimes, d'autant plus que les magistrats ont jugé cette demande recevable contre l'avis du parquet" a déclaré leur avocat, M° Olivier à l'Agence France-Presse. Dans une ordonnance, le juge Roger Le Loire juge la demande des familles recevable. Le Parquet peut encore faire appel.
Avec Renaud Van Ruymbeke, ce magistrat est en charge du volet financier de cette tentaculaire affaire de l'attentat de Karachi. L'enquête privilégie la thèse de rétrocommissions liées à des contrats d'armement avec le Pakistan et l'Arabie Saoudite. Le deux juges soupçonnent notamment des versements occultes en marge du contrat de sous-marin Agosta qui auraient servi à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995.
Selin l'Afp, ils s'intéressent également à une éventuelle subornation de témoins visant l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, soupçonné d'avoir fait pression sur sa femme. Hélène Gaubert, dont il est séparé, l'a accusé d'avoir accompagné en Suisse l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, intermédiaire dans des contrats d'armement, pour aller chercher des valises "volumineuses de billets" en 1994-1995.
C'est sur ce point précis - la subornation de témoin - que les familles ont formulé cette demande de partie civile auprès des juges d'instruction. Ce point de droit a son importance : se constituer partie civile permet entre autre d'avoir accès au dossier et d'être associé à l'information judiciaire.
De son côté, Ziad Takkiedine affirme que les juges "instrumentalisent l'affaire et la presse contre l'Elysée à l'approche de la présidentielle". L'homme d'affaire franco-libanais ni en réfute la thèse du finacement politique occulte (lire ici l'article paru dans le Monde). Il demande le déssaisissement de Renaud Van Ruymbeke et Roger le Loire qui l'ont mis en examen.
L'attentat de Karachi perpétré le 8 mai 2002 a coûté la vie à 14 personnes, dont 11 salariés de la Direction des Constructions Navales pour la plupart originaires de Cherbourg. Cet attentat a longtemps été attribué à Al-Qaïda. Mais l'enquête a pris un tournant ces derniers mois. Elle privilégie désormais l'hypothèse de représailles contre la France liées à des versements de commissions.