Les températures sont douces mais l'ensoleillement, lui, n'y est pas : en 2024, la Normandie a perdu 15 à 20 jours de soleil par rapport à la moyenne des 30 dernières années. Cet hiver aura été particulièrement sombre. Faudra-t-il s'y habituer ?
La Normandie n'a enregistré que 1 528 heures d'ensoleillement en moyenne entre janvier et décembre. L'hiver 2024 a été humide, sombre et les périodes d'accalmie rares.
Cependant, Nicolas Buffard, météorologiste chez Météo France, rassure : "Il faut bien faire la distinction entre météo et climat. Le climat dessine une tendance sur une longue période, la météo, à un instant T. Il ne faut donc pas tirer de conclusions trop rapides et garder à l'esprit qu'une année ne fait pas l'autre !".
Les projections disent que les températures vont continuer de monter, que les journées de gel ou de neige seront plus rares, mais sur les pluies, l'insolation ou même les tempêtes, il n'y a pas de tendance claire.
Nicolas Buffard, météorologiste
Dans le détail, des tendances assez homogènes :
Moins de soleil...
La moyenne de l'année n'est guère réjouissante : si la grisaille a marqué le quotidien de l'ensemble des Normands, les Rouennais, eux, font partie de ceux qui ont le moins profité du soleil. Rouen se hisse ainsi au quatrième rang des villes les moins ensoleillées de France, avec une moyenne de 3,97 heures de soleil par jour.
Cependant, 2024 n'est pas l'année la moins ensoleillée que la région ait connue. "Elle se situe parmi les cinq années les moins ensoleillées sur les 30 dernières années, précise Nicolas Buffard. À Rouen, on a normalement 1 550 heures de soleil dans l'année, en 2024, on en a eu 1 450. Mais en 2000, c'était 1 367."
"Circulation des perturbations, nébulosité, humidité de l'air...", plusieurs paramètres peuvent expliquer ce faible ensoleillement - mais le réchauffement climatique n'en fait pas nécessairement partie. "C'est plus lié aux circonstances. 2024 ne fera pas 2025 !"
... Et (un peu) plus de pluie
Si la région a été bien arrosée en 2024, la tendance n'est pas pour autant historique, ni inquiétante. "On est plutôt proche de la normale. Il a plu entre 5 et 10% de plus, c'est insignifiant", rassure, là encore, Nicolas Buffard, ajoutant que les tendances en termes de météo sont assez homogènes sur l'ensemble des départements normands.
Par ailleurs, "rien ne prouve que les précipitations vont augmenter, qu'on aura davantage de pluie chaque année par rapport aux années précédentes. Par contre, ce qui est probable, c'est qu'il pleuvra sans doute davantage en hiver et moins en été, mais globalement, cela devrait s'équilibrer".
"Les gens se souviennent souvent de l'été 2024 comme d'un été 'pourri', relève également le météorologiste. Pour autant, quand on regarde l'ensoleillement, le mois de juin et d'août 2024 ont été excédentaires. On a gardé l'idée qu'il ne faisait pas très chaud et qu'il pleuvait, mais cela n'est pas si flagrant."
Des températures supérieures aux moyennes de saison
Sur l'année complète, les températures sont supérieures de 0,6°C à la moyenne. Une tendance qui s'explique bel et bien, cette fois-ci, par le changement climatique.
"Ces dix dernières années sont les plus chaudes enregistrées depuis 1947, pointe Nicolas Buffard. Cela tend à prouver que les températures continuent à monter, même si 2024 a quand même été moins chaude que 2022 et 2023."
"Les températures plus élevées n'empêchent pas d'avoir un épisode de froid sur quatre ou cinq jours. Normalement, on aura plus de jours à plus de 30°C dans les années qui viennent, mais ce ne sera pas tous les ans la même chose, souligne Nicolas Buffard. En 2023-2024, on n'a quasiment pas eu de canicule. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas l'été prochain."
Conclusion : inutile de vous inquiéter ou de faire "des plans sur la comète" ! L'année 2025 pourrait nous surprendre comme nous décevoir... Mais il est impossible de dessiner une trajectoire claire.