Avec la fin de l'hiver et les températures plutôt douces pour la saison, les chenilles processionnaires s'apprêtent à faire leur grand retour. Leurs poils urticants constituent un danger pour les chiens, mais aussi pour les humains. Voici comment lutter contre ces nuisibles.
Vous les avez peut-être déjà aperçues sur des chênes ou des pins, un peu partout en Normandie. Les chenilles processionnaires occupent par dizaines des nids, mesurant jusqu'à un mètre. Il est préférable de se débarrasser de ces nuisibles en raison des risques qu'ils font courir à la population et aux animaux. Mais comment ?
L'échenillage des nids
Les plus culottés tenteront de le faire eux-mêmes, mais il est fortement recommandé de faire appel à un professionnel pour vous débarrasser des nids.
À l’aide d'une perche et de cisailles, parfois même avec une nacelle, ces derniers élagueront les branches occupées. Sur les chênes, les nids seront ensuite aspirés ou brûlés. Les précautions sont de mise pour éviter la dispersion des poils urticants dans l'air.
La méthode implique une protection complète (masque, lunettes, bottes, gants et vêtements de protection à usage unique).
La pulvérisation de bactéries
Là encore, il est important de faire appel à une société spécialisée. Il en existe de plus en plus en Normandie. Le produit pulvérisé sur les nids, le BT (bacillus thuringiensis), n'a aucun impact sur les mammifères. Il est par ailleurs autorisé en agriculture biologique.
La toxine, efficace sur plusieurs types de chenilles, agit après ingestion. Elle se fixe sur les parois de l'intestin de l'insecte, paralyse son tube digestif et entraîne la mort en 24 à 48 heures.
Les pièges à phéromones
Pour réduire les fécondations et prévenir l'apparition des chenilles processionnaires, les pièges à phéromones attirent les papillons mâles. Il faut les poser un peu avant l'été. Ils ont l'avantage de ne pas être toxiques, ni dangereux pour l'environnement.
Les éco pièges, des sortes de gouttières entourant l'arbre, permettent quant à eux de capturer les chenilles au printemps, lorsqu'elles processionnent au sol. Le sac, une fois plein, doit être incinéré.
Les nids à mésanges
Les mésanges sont les prédateurs naturels des chenilles processionnaires. Elles sont d'excellentes auxiliaires dans la lutte contre ces nuisibles. Elles consomment leurs œufs l'été et les jeunes chenilles en automne et en hiver.
Pour encourager l'arrivée de mésanges dans votre jardin, vous pouvez leur fournir des lieux de nidification, en installant des nichoirs adaptés à leur taille.
Pour l'emplacement, privilégiez une exposition sud/sud-est, en évitant le plein soleil ou l'ombre et à l'abri des courants d'air. Placez le nichoir à une hauteur comprise entre deux et six mètres.
La destruction des chrysalides
Cette méthode implique un peu de patience, et ne constitue pas une réelle manière de lutter contre l'infestation et de protéger ses animaux, puisqu'il faut attendre environ un mois après la procession, lorsque les chenilles se transforment en chrysalides.
À ce moment-là, ces dernières, dans le sol, sont inertes et il est possible de les récupérer sans trop de risques. Il faut ensuite brûler les nymphes.
Attention aux animaux de compagnie... mais pas que
Les chenilles processionnaires sont reconnaissables à leur façon de se déplacer en file indienne. Les hivers plus doux ont favorisé leur développement depuis quelques années. Problème : très volatiles, leurs poils sont aussi extrêmement urticants. Si les chats sont moins concernés, les chiens, qui ont tendance à renifler les chenilles, sont particulièrement exposés.
Une fois en contact avec la peau (pattes ou museau) ou les muqueuses (babines, langue ou yeux), les poils urticants provoquent de violentes irritations douloureuses. L'animal, gêné, frotte sa gueule avec les pattes et salive beaucoup. Il risque, dans les cas les plus graves, un choc anaphylactique qui peut s'avérer mortel ou une nécrose de la langue.
La journée des chenilles processionnaires a pour but d'informer sur ces espèces nuisibles.
— INRAE (@INRAE_France) May 18, 2023
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"On risque des éruptions de boutons, qui peuvent s'enflammer. Pour les personnes anaphylactiques, on peut se retrouver avec un choc, et pour les gens qui sont allergiques, c'est directement le médecin et les antihistaminiques", nous précisait en effet, en 2023, Philippe Huard, technicien service environnement à la ville d'Évreux, où le combat est mené contre ce fléau depuis 2019.
Autre problématique : les chenilles processionnaires grignotent les feuilles de l'arbre sur lesquelles elles peuvent s'installer par milliers... Et peuvent ainsi provoquer d'importants dégâts sur la végétation.
Que faire en cas d'exposition ?
Les chenilles processionnaires du pin sont d’un brun orangé et celles du chêne d’un gris argenté. Elles mesurent jusqu’à quatre centimètres de longueur à la fin de leur croissance.
Si vos animaux y ont été exposés, "le premier geste à faire, c'est de rincer la gueule de votre chien avec de l'eau, mais attention, il ne doit pas avaler cette eau et le propriétaire doit se munir de gants pour faire ce lavement, détaillait l'année dernière Nathan Roussel, vétérinaire à la clinique L'Arche de Venoix à Caen. Ensuite, il vaut mieux consulter un vétérinaire, pour soulager la douleur de l'animal et prévenir toute complication."
Enfin, en cas d'exposition des personnes sensibles aux poils de chenilles, l'Agence régionale de santé (ARS) recommande "de prendre une douche et de changer de vêtements". Si vous présentez une irritation cutanée ou oculaire ou des troubles respiratoires, notamment pour les personnes allergiques et/ou asthmatiques, "il est recommandé de consulter rapidement un médecin ou un pharmacien et en cas d'urgence, d'appeler le 15".
Selon une étude publiée en 2020 par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), il a été recensé 1 200 cas d'exposition aux chenilles processionnaires en France, entre 2012 et 2019.