Grâce à un nouveau cycle d'élevage, l'entreprise "Saumon de France" s'affranchit des contraintes liées au réchauffement de la mer pour produire ses saumons. Le premier cheptel de poissons a rejoint la rade de Cherbourg (Manche) début décembre.
C'est un espoir après deux ans de difficultés. Sur la rade de Cherbourg (Manche), Pascal Goumain assiste à la mise à l'eau des jeunes saumons. En ce début du mois de décembre, les poissons arrivent tout juste d'Isigny-sur-Mer où la première étape de leur développement s'est déroulé dans des bassins couverts.
Huit mois dans des bassins
"Les poissons sont en pleine forme. On ne les manipule pas du tout, donc ils descendent par gravité dans l’eau. Ils ne sont pas stressés", se félicite Pascal Goumain, président de "Saumon de France". Les poissons vont ainsi pouvoir poursuivre leur développement dans une mer à 14°, sans souffrir du réchauffement des eaux et de leur surcharge en planctons.
Le changement climatique nous conduit à ne plus avoir de poissons l’été dans la ferme en raison des conditions défavorables.
Pascal GoumainPrésident de Saumon de France
En effet, depuis deux ans, la production de saumons à Cherbourg était presque à l’arrêt. Il a fallu plusieurs mois à l'entreprise pour se remettre de la canicule de 2022 − où l'intégralité du cheptel a été décimée −, et trouver "une parade au changement climatique". Cette parade consiste à modifier le cycle d'élevage des poissons, en divisant le processus en deux étapes.
En 2023, l’entreprise rachète Saumon d’Isigny pour en faire un site de pré-grossissement. Les jeunes saumons passent dorénavant 8 mois dans ces bassins contrôlés avant de rejoindre la mer.
120 000 poissons cet hiver
"Cet environnement nous permet de monitorer les températures, les taux d’oxygène, le débit d’eau et sa qualité. Ainsi, on ne rencontre pas tous les problèmes que l'on peut avoir dans un milieu naturel ouvert", précise Pascal Goumain à propos du nouveau protocole. Avec celui-ci, les animaux passeront deux fois moins de temps en mer qu'auparavant.
Nous apportons aux poissons les meilleures conditions possibles pour qu'ils aient un beau taux de survie en mer.
Thibaut LaineDirecteur de production de la ferme marine de Cherbourg
"On cherche à avoir un poisson qui est bien argenté, qui n’a pas de défaut avec de belles nageoires, un opercule sur les branchies qui est bien protégé afin qu’il arrive dans l’eau de mer dans les meilleures conditions", explique Thibaut Laine, directeur de production de la ferme marine de Cherbourg.
D'ici à la fin de l'année, la ferme de Cherbourg comptera 120 000 poissons au total. Et l'entreprise aquacole espère récolter jusqu’à 400 tonnes de poissons en 2025. Le signe d'un retour à la normale pour l'unique élevage de saumons en mer de l'hexagone.