Les 10ème Assises de la Pêche et des Produits de la Mer s'ouvrent aujourd'hui à Granville. Le Ministre de l'Agriculture Didier Guillaume se rendra sur place pour rencontrer 400 acteurs du secteurs.
La pêche française se rassemble à partir de ce jeudi à Granville pour ses assises annuelles. Au programme notamment : comment améliorer l'image de la pêche au moment où elle est pointée du doigt pour son impact environnemental.
Le port de pêche de Granville est l'un des plus importants en Normandie : il compte une cinquantaine de navires et près de 200 professionnels. Réputés pour leurs bulots et coquilles Saint-Jacques, certains bateaux rapportent également du poisson. L'activité ne manque pas. Mais sur le quais, le constat est sans appel : la pêche attire moins, au point qu'il devient difficile de constituer un équipage. David Alexandre, un patron-pêcheur granvillais en témoigne :
J'ai un gars à recruter pour la semaine prochaine, je ne trouve personne. On a des difficultés de recruter.
Reportage sur les uais du port de Granville avant l'ouverture des assises de la pêche :
En finir avec le pêche-bashing
C'est toujours intéressant de discuter de notre métier. Il y a beaucoup à faire avec l'image du métier, pour recruter notamment.
Franck Leverrier, patron pêcheur et armateur à Granville
"Pêche-bashing": le mot est lâché par le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, le 20 juin dernier, lors d'une rencontre avec des pêcheurs. Ces derniers avaient été heurtés par l'ONG Bloom qui reprochait à l'Europe de subventionner le renouvellement de certains
bateaux de pêche, favorisant "la surexploitation chronique" des océans.
Les pêcheurs déplorent par ailleurs une hostilité grandissante du public: le président du comité national des pêches, Gérard Romiti, a dénoncé cet été des "attaques de plus en plus violentes" sur les réseaux sociaux et la nécessité d'en "tenir compte" afin de "faire évoluer nos méthodes de pêche et nos modèles de production".
L'image du pêcheur au port, c'est sympa, mais la pêche, elle, souffre vraiment d'un déficit d'image, voire d'une certaine diabolisation
Jacques Woci, président de France Filière Pêche
L'une des tables rondes de ces assises de la pêche est d'ailleurs intitulée "Répondre aux attaques contre l'image de la filière".
"La France, elle aime bien avoir du poisson dans son assiette, mais elle ne veut pas savoir comment ça a été pêché", affirme même Olivier Le Nézet, président du comité régional des pêches de Bretagne.
L'inquiétude du Brexit
"Je suis réaliste. La grosse interrogation du moment c'est le Brexit, c'est 50% de mon année", explique Franck Leverrier, patron pêcheur et armateur à Granville. "Je travaille dans des eaux européennes qui vont devenir des eaux anglaises. S'ils ne nous acceptent pas, on se reportera (tous) sur les mêmes zones."
Les conséquences du Brexit pour l'accès des pêcheurs français aux eaux britanniques seront également dans toutes les têtes, en dépit
du flou qui règne au Royaume-Uni.
"Il est indispensable que l'Europe et le gouvernement français se battent pour qu'il y ait une continuité d'accès à la ressource halieutique dans les eaux du Royaume-Uni, parce que derrière, c'est un cataclysme sur le littoral", avertit Olivier Le Nézet, qui craint plus que tout un Brexit sans accord, qui interdirait l'accès des eaux britanniques du jour au lendemain.
Le poisson pêché dans les eaux britanniques représente pas moins de 30% des ventes dans les criées bretonnes.