La PME familiale implantée au Teilleul dans le sud de la Manche est l'un des premiers fabricants de palettes en France. L'entreprise est à la pointe de la technologie. Mais ses projets de développement se heurtent à une difficulté qui interpelle : la "pénurie de main d'oeuvre"...
Certains y verront le signe d'une gestion à l'ancienne : Künkel ne fait jamais appel à un sous-traitant, préférant contrôler chaque étape de la production. Künkel exploite des forêts de résineux dans tout le quart nord-ouest de la France. L'abattage des arbres est réalisé en interne. Les billes de bois sont acheminés à l'usine par des camions qui appartiennent à la société. Le bois est ensuite débité et découpé dans une scierie-maison. Les palettes.
"L'objectif c'est d'ariver à maîtriser la chaine d'un bout à l'autre du processus, explique Christophe Künkel, le patron de la société. Cela nous permet de maîtriser nos volumes, la qualité de nos produits. On contrôle mieux nos coûts, et on fait un petit cumul de marge qui nous permet d'être compétitif au niveau du produit fini. C'est une manière de faire qui redevient à la mode : quand les marges se réduisent, les entreprises ont tendance à revenir en arrière, à laisser tomber la sous-traitance pour réinternaliser l'activité".
Cette multitude d'activités n'est pas sans engendrer de difficulté : "Il faut arriver à avoir des personnes avec toutes les compétences en interne, ce qui nous oblige souvent à former nous-même les salariés. Et on a parfois des difficultés à trouver la bonne personne au bon moment, ajoute Christophe Künkel qui met le doigt sur un sujet parfois tabou en cette période de chômage élevé : la pénurie de main d'oeuvre. "Aujourd'hui, lorsqu'on a un projet de développement, la difficulté, ce n'est pas de trouver des financement, des terrains ou des artisans. La vraie question, c'est : qui va faire tourner les machines ? assure le patron. On est confronté à un problème de mobilité, de formation, et d'implication".
Künkel produit aujourd'hui des palettes pour les industriels, principalement dans un rayon de 300 kilomètres. Depuis quelques mois, l'entreprise exporte aussi vers la Chine, à raison d'un conteneur par quinzaine. La PME tire aussi près de la moitié de son revenu de la vente des "produits connexes", les sciures, les copeaux, les chutes de bois qui sont vendus à des industriels pour fabriquer des aglomérés ou des granulats pour le chauffage.
Reportage de Pierre-Marie Puaud et Cyril Duponchel :