Manifestations, annonce de Lactalis, fièvre catarrhale... Les faits qui ont marqué le monde agricole cette année en Normandie

Entre colère sociale, inquiétudes économiques, épidémie de fièvre et mobilisations contre l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, l'année a été marquée par une série de bouleversements pour le secteur agricole normand. Retour sur les évènements marquants de 2024.

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Entre colère sociale, impacts climatiques, inquiétudes économiques, bataille contre l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, l'année qui s'achève a bousculé les agriculteurs de Normandie.

Janvier

L'année a commencé dans la colère pour les agriculteurs normands, avec des opérations escargot sur les autoroutes et des manifestations devant les bâtiments administratifs.

L’augmentation des taxes sur le gazole non routier a mis le feu aux poudres, mais le malaise est plus profond. Les paysans dénoncent la multiplication des normes qui renforcent, selon eux, la concurrence étrangère. "On croule sous les charges", "on est désespérés", lancent certains. De la terre est déversée devant la cité administrative de Rouen (Seine-Maritime) et la préfecture d'Alençon (Orne).

Des péages d'autoroute sont bloqués et certains manifestants ouvrent les camions de transports pour, symboliquement, vérifier la provenance des produits.

De telles opérations de contrôle sont aussi menées dans des supermarchés. Dans le viseur des agriculteurs se trouve également l’Office français de la biodiversité (OFB) dont ils jugent les contrôles trop contraignants. Ils réclament plus de dialogue et moins de sanctions. Des locaux de l'organisme en Normandie sont empaquetés par des manifestants.

Février

Le 12 février, le tribunal administratif de Caen (Calvados) annule les injonctions de l'administration en charge de la répression des fraudes, la DGCCRF, qui réclamait que plusieurs marques de camemberts industriels, dont celles de Lactalis, retirent la mention "fabriqué en Normandie" de leurs emballages.

La répression des fraudes souhaitait empêcher toute confusion avec les fromages présentant la mention "AOP camembert de Normandie", qui doivent pour cela répondre à des critères de qualité stricts. Le tribunal réclame un examen des emballages au cas par cas, au grand dam des tenants du camembert AOP.

Fin février, la colère agricole atteint les allées du Salon de l’agriculture, à Paris. Lors de l’inauguration, Emmanuel Macron est sifflé et chahuté. Les éleveurs laitiers chantres de l'AOP, en conflit ouvert avec les industriels qu'ils accusent d'usurper leur appellation, profitent du salon pour aller faire un tour, avec leurs vaches, sur le stand de la société Lactalis. "La race normande est menacée à cause de la tromperie, à cause de l'usurpation de notoriété" dont Lactalis se rend coupable, arguent les protestataires.

Avril

En avril, le soleil joue les absents en Normandie. De quoi rappeler que, tout au long de l’année 2024, la météo complique le travail des agriculteurs. Dans la Manche, les maraîchers s’inquiètent en voyant leurs légumes pourrir dans des sols trop humides.

Juillet

En juillet, les récoltes de lin, de blé, de maïs et aussi de légumes sont entrecoupées d’épisodes pluvieux. La moisson de céréales est l’une des plus faibles de ces quarante dernières années.

L'été 2024 voit aussi une augmentation de la culture de tournesol dans les champs de Normandie. Avec le réchauffement climatique, cette plante devient cultivable en terre normande. Moins gourmand en eau que le maïs, avec une croissance plus rapide que le colza, le tournesol s’implante discrètement.

De même, le raisin devient un fruit normand. Un couple originaire du Val de Loire a implanté un vignoble de trois hectares dans le Pays d’Auge, portant à cinquante le nombre de cultures viticoles normandes.

Août

En août, la campagne de vaccination contre la fièvre catarrhale débute en Normandie. Un premier cas se déclare dans un élevage de l’Orne. Cette maladie entraîne la fièvre et peut causer la mort des animaux. La Normandie entre dans une "zone régulée", qui s'étend de la frontière belge au Cotentin et jusqu'en Ardèche. Les mouvements d'animaux depuis cette zone vers le reste de la France sont conditionnés au dépistage du bétail, ce qui ralentit leur commerce.

Septembre

En septembre, coup de massue chez les producteurs laitiers de la région. Le géant Lactalis annonce qu'il entend diminuer de 450 millions de litres ses commandes de lait aux éleveurs français à partir de la fin de 2024.

Cette baisse, qui représente 9% des volumes achetés, sera progressive et s'étalera jusqu'en 2030, avance l'entreprise. En Normandie, 2 000 producteurs dépendent des commandes de Lactalis, leader mondial des produits laitiers. Les éleveurs s'inquiètent d'une chute des ventes sur le long terme.

Octobre

Après un mois de septembre marqué des pluies abondantes, les agriculteurs qui cultivent des pommes de terre sont inquiets quand vient la récolte d'octobre. Récoltées trop humides, les pommes de terre sont plus sujettes aux maladies. Il faut donc les sécher, ce qui implique un coût supplémentaire pour les cultivateurs.

Novembre

En novembre, des exploitants agricoles issus de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs démontent des radars de chantier dans quatre villes de l'Eure, toujours pour protester contre un trop-plein de normes.

L'objet démonté est symbolique et le message transmis est clair : les agriculteurs se sentent épiés et comptent montrer qu'eux aussi peuvent jouer les surveillants. Les radars, maintenus en bon état, ont été déposés devant la Direction départementale des territoires (DDTM) à Évreux.

Décembre

Le 6 décembre, la Commission européenne conclut un accord de libre-échange avec le Mercosur, un groupe de pays d'Amérique du Sud composé de l'Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay. L'accord vise à supprimer la quasi-totalité des droits de douane entre les deux régions.

Les agriculteurs français redoutent une concurrence déloyale des produits venus d'Amérique du Sud où les normes sont moins restrictives que dans l'Union européenne. En Normandie, les manifestations s'étaient multipliées dans les semaines précédant l'accord, les agriculteurs craignant "un coup de grâce" pour leur activité.

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