L'obsession de la sécurité au festival Jazz sous les pommiers

L'attentat perpétré à Manchester rappelle combien les lieux de fête et de spectacle sont des cibles potentielles. A Coutances, la sécurité a été considérablement renforcée depuis l'année dernière. Le festival Jazz sous les pommiers a du apprendre à vivre avec l'état d'urgence.

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La scène aurait été incongrue il y a quelques années encore : ce 21 mai, au terme d'un dimanche en fanfares ensoleillé, une dizaine de militaires en armes cernent les centaines de spectateurs qui sortent nochalamment de la salle Marcel Hélie. Ceux qui avaient encore la tête pleine des couleurs offertes par le Bollywood Masala Orchestra retombent brutalement sur terre à la vue des fusils d'assaut. "Je n'étais pas venue à Coutances depuis quelques années, ça fait quand même bizarre de voir ça. C'est triste d'en arriver là," lâche une festivalière manifestement affectée.


Des sacs anti-intrusion font barrage

En ville, les militaires croisent des policiers en tenue. Et pour accéder aux lieux de fête, les spectateurs et les promeneurs doivent franchir les barrages dont certains sont tenus par des agents de sécurité privés. Les quartiers concernés par le festival sont en effet bouclés, interdits à la circulation. Il y a bien un après-Nice. "On bloque les voies de circulation avec des dispositifs fixes, comme des sacs de sable et des véhicules afin d'éviter toute intrusion," expliquait le directeur des services de la ville de Coutances il y a quelques sur France Bleu. La circulation était déjà interdite depuis quelques années dans le secteur compris entre la salle Marcel Hélie et le théâtre. Cette année, la zone du parvis de la cathédrale a aussi été hermétiquement fermée.



Lors de l'édition 2016, les organisateurs de Jazz sous les pommiers avaient instauré un contrôle des sacs à l'entrée de chaque salle. Les bénévoles n'étant pas habilité à le faire, le festival s'était attaché les services de quelques agents de sécurité. Cette année, le dispositif est monté d'un cran. Une dizaine d'agents supplémentaires ont été recrutés. Il a aussi fallu installer un poste pour la croix-rouge. "Cela représente un surcoût de 20 000 euros. Cela fait partie des nouveaux budgets des festivals," déplore le directeur Denis Le Bas. Jazz sous les pommiers a sollicité l'aide du CNV, le Centre National de la chansons, des Variétés et du jazz qui a constitué un fonds d'urgence pour les organisateurs de spectacle. "Et la ville de Coutances s'est aussi engagée à prendre à sa charge les dépenses de sécurité qui ne seraient pas couvertes par le CNV."

Malheureusement, ils pourront mettre tous les policiers qu'ils veulent, ça n'empêchera jamais quelqu'un de déterminé de passer à l'acte, se désole un restaurateur. Et en même temps, s'il arrivait quelque chose, les gens reprocherient aux autorités de ne pas les avoir protégés. Donc, on ne peut pas faire autrement...


Avant le festival, Denis Le Bas espérait avoir néanmoins trouvé la juste mesure : "il faut être rassurant sans être pesant". Ces derniers mois, le public a eu le temps de se familiariser avec ces contrôles, ces fouilles de sacs qui chaque jour rappellent que le pays est en état d'urgence. "C'est vrai que quand on voit ces militaires, c'est rassurant. Et en même temps, ça fait penser au danger, c'est inquiétant," devise une spectatrice perplexe. "Malheureusement, ils pourront mettre tous les policiers qu'ils veulent, ça n'empêchera jamais quelqu'un de déterminé de passer à l'acte," se désole un restaurateur du centre-ville, conscient du piège dans lequel la société s'enferme : "Et en même temps, s'il arrivait quelque chose, les gens reprocherient aux autorités de ne pas les avoir protégés. Donc, on ne peut pas faire autrement..."



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