Le policier qui s'est donné la mort sur son lieu de travail était un homme souriant et blagueur. Abasourdis par ce geste, ses collègues d'Alençon dénoncent une ambiance morose dans les services, à l'approche des fêtes de fin d'année. "C'est l'ensemble de la police qui est malade !"
Au lendemain du suicide de ce brigadier de 42 ans, père de deux enfants, tout le monde tente de comprendre au commissariat d'Alençon, comment ce collègue si "souriant et blagueur" a pu en arriver là. Il travaillait pour la brigade de roulement, appelée parfois "police secours".
Ce dimanche 3 décembre après-midi, il est seul dans la salle de repos, avec son café quand le coup part. Il vient d'utiliser son arme de service. Ses collègues s'apercevront de son absence et découvriront son corps sans vie.
Officiellement une enquête est ouverte et elle sera menée par le SRPJ de Caen pour tenter de déterminer si ce geste est d'origne personnelle ou professionnelle.
" c'est l'ensemble de la police qui est malade"
Avant même les conclusion officielles, les langues se délient au lendemain du drame : "c'est l'ensemble de la police qui est malade", nous confie un policier qui était l'un de ses collègues, et qui a souhaité rester anonyme pour des raisons évidentes. "Nous sommes rarement avec notre famille et ça crée forcément des tensions. On n'a pas de vie sociale, ni de loisirs. Par exemple, faut pas compter s'inscrire à un club de sport."
A l'approche des fêtes de Noël, les policiers d'Alençon ont du vague à l'âme quand ils regardent leurs plannings : les effectifs tendus ne permettent pas beaucoup d'alternatives. Un surmenage qui crée un profond malaise et une fatigue latente. "Beaucoup d'entre nous sont las et fatigués", raconte cette même source.
La préfète de Normandie a déjà été alertée mi-novembre par les syndicats
Depuis plusieurs semaines les syndicats alertent sur l'état moral des troupes. Il faut dire que c'est une année noire dans la police. depuis 2014 , le nombre de suicide chez les gendarmes et les policiers n'a cessé d'augmenter. On en compte plus de 60, rien que pour l'année 2017.
Mi novembre, les syndicats normands ont rencontré la préfète de la Région, à Rouen, pour l'alerter de ces sous-effectifs et des conséquences. La situation de l'Orne a été dénoncée à ce moment là.
L'IGPN, la police des polices doit être saisie automatiquement pour réaliser une enquête environnementale.
Maxime Mettot, du syndicat policier Alliance- Normandie était l'invité du 12/13 ce lundi 4 décembre :