La bande annonce prévient d'emblée : le film a été refusé par tous les festivals et les distributeurs. Le réalisateur ornais Aurélien Real a conçu une oeuvre labyrinthique et déroutante. La sortie en salle s'annonce confidentielle. A voir en avant-première au Mans ce vendredi.
Disons-le, le film ne laisse pas indifférent ceux qui l'ont vu. Sur la page d'accueil du site internet pourtant sensée assurer la promotion de l'oeuvre, les commentaires sont pour le moins partagés. Si Eric Naulleau aime "l’entrelacement des lignes narratives, l’image, l’interprétation", d'autres y perdent leur latin : "le film prend une tournure expérimentale un peu radicale, il devient trop abscons pour moi et je n'arrive plus à m'impliquer dedans" dit Christophe Leparc de la Quinzaine de réalisateurs, quand Gautier Labrusse du cinéma Lux de Caen le dit sans ambages : "nous n’avons pas été sensibles au travail sur/de/contre la langue cinématographique d’Aurélien. Nous reconnaissons la légitimité de son écriture mais nous ne nous retrouvons pas dans son « intransigeance »
La mise en avant de ces critiques range déjà De l'autre côté du miroir dans la catégorie des films maudits, dont certains finiront par devenir culte. Il aura fallu trois années à Aurélien Real pour venir à bout de ce projet ainsi présenté : "Ce dyptique constitue une aventure inédite dans l’histoire du cinématographe : au fil d'un roman qui s'écrit, deux longs métrages de fiction se renvoient l’un l’autre sans que l’on puisse discerner lequel des deux est miroir de l’autre, lequel est « réel » et l’autre « fictif».
Autant le dire : le film ne raconte pas une histoire, au sens où on l'entend habituellement. Cela reste un long-métrage : 2h30. "Pour moi, une oeuvre d'art, c'est une oeuvre de sauvetage pour moi-même" indique Aurelien Real qui, on l'aura compris, aime bousculer les codes. Le petit texte de présentation du film ajoute : "Fiction ? Réalité ? Deux mots qui se font miroir. Le labyrinthe est ouvert : à vous d’en trouver la clé !". Le film sera projeté en avant-première ce vendredi 17 février à 20 heures au cinéma des cinéastes au Mans. L'équipe du film précise : "Nous offrons une coupe de champagne à tous les spectateurs qui auront eu l'audace de venir et de rester jusqu'au bout de l'expérience...!!" C'est engageant.
Le reportage de Damien Migniau et Nicolas Corbard :