Il a enquêté pendant 5 ans pour prouver le martyr des moines de Tibhirine et de 12 autres religieux et religieuses dans les années 90. A l'abbaye de la Trappe à Soligny dans l'Orne, Dom Thomas Georgeon père abbé retrace son expérience dans un livre. Il nous explique en quoi a consisté son travail :
Thomas Georgeon, moine trappiste de l’Orne sort ce mercredi 25 avril 2018, un livre qui raconte le parcours de vie des religieux de Tibhirine.
Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines trappistes du monastère de Notre-Dame de l'Atlas en Algérie sont enlevés puis assassinés officiellement par le GIA, le groupe islamique armée. Seules les têtes des moines sont retrouvées. Les conditions de leur assassinat demeurent obscures. Les résultats d’une autopsie en mars dernier indiquent que la décapitation a eu lieu après leurs morts.
La guerre civile algérienne a opposé dans les années 90 le gouvernement et des groupes islamiques. Plus de 100 000 personnes ont trouvé la mort. Pendant la décennie noire, 19 religieux catholiques ont ainsi été massacrés. Le Père Thomas, ancien photoreporter de l'agence Gamma s’est pris de passion pour la cause de ces martyrs. Il était d'ailleurs volontaire en 1998 pour reprendre le monastère de Tibhirine.
A 45 ans, ce moine trappiste est devenu postulateur. C'est grâce à son travail que sera prouvé le martyr des religieux. Le pape François a signé un décret de béatification le 27 janvier 2018.
A l’Abbaye de la Trappe à Soligny (dans l’Orne), il a enquêté pendant 5 ans pour prouver le martyrs des moines de Tibhirine et de 12 autres religieux et religieuses. Un travail titanesque : 7000 pages de témoignages, articles de presse, écrits des religieux, condensés en une plaidoirie de 1100 pages.
Qu'est-ce qu'un postulateur ?
Thomas Georgeon, moine trappiste de l’Orne, nous explique le rôle du postulateur :"C'est quelqu'un qui est chargé de travailler à l'avancement d'une cause en béatification ou en canonisation. Il a une première responsabilité, c'est de demander l'ouverture de la cause. Dans un premier temps il a un rôle de conseil, un peu en retrait puis arrive une seconde phase où il rédige la synthèse de l'enquête diocésaine. Il s'agit d'une sorte de plaidoirie qui est étudiée en deux étapes par le Saint Siège pour donner son accord à une éventuelle béatification ou canonisation. Dans la seconde phase, la phase romaine, le postulateur doit parfois compléter les recherches."
"Il ne s'agit pas juste de résumer mais on a des choses bien précises à prouver. Un postulateur est à la recherche de la vérité. C'est le principe de base. Il est là pour travailler sur des documents et des témoignages. Il travaille sur des faits."
"Dans la positio, il y a une partie de présentation biographique des personnes, de leurs écrits, un travail historique de mise en situation de ce qu'était l'Algérie des années 90, ce qui n'était pas le plus facile car c'est une histoire récente."
"Il y a quatre points essentiels à prouver pour reconnaître un martyr :
- pouvoir décrire le martyr matériel (la manière dont la personne est morte)
- démontrer que cette personne était prête à faire le don de leur vie
- montrer pourquoi les assassins ont agi
- montrer qu'il y a une renommée de Sainteté (dans le cas des moines Thibirinne, Jean-Paul II en avait parlé, Benoît XVI aussi et le Pape François a donné le dernier élan nécessaire)"
Est-ce un honneur d'être nommé postulateur ?