En raison du gel tardif et du manque de lumière de cette année 2021, les poires se font rares dans les arbres fruitiers du Domfrontais. Les poiréculteurs (ceux qui fabriquent le poiré) s'attendent à une maigre récolte avec une baisse de 80% de leur production par rapport à 2020.
Au milieu de ces 700 arbres fruitiers verdoyants, rares sont ceux qui portent des poires sur leurs branches. Frédéric Pacory, propriétaire de la Ferme des Grimaux, n'en compte que deux sur 150 poiriers.
Moi ça fait 30 ans que je suis dans le poiré, c’est la quatrième fois que nous n'avons pas de poires. Mais je crois que sur ces quatre fois-là, c’est la fois où nous en avons le moins.
Baisse de 80% de la production
Pour cause : en raison des températures fraîches du printemps et du manque de luminosité, les fleurs de poiriers n'ont pas pu être fécondées par les insectes pollinisateurs. Résultat : les récoltes - prévues pour la mi-septembre - risquent d'être maigres. 80% de fruits en moins par rapport à l'année dernière.
Cette année il a fait tellement froid au printemps que le peu de fleurs qu’on avait n’a pas fécondé.
« Surtout la variété "plant de blanc" qui nous sert en particulier pour le poiré Domfront. Quelques autres variétés vont nous sauver un petit peu mais elles sont plus utilisées pour le Calvados que pour le poiré. »
Ici, dans le pays du Domfrontais - à la croisée des régions bretonnes et normandes - la star s'appelle "le poiré Domfront" [appellation d'origine protégée]. Une boisson traditionnelle élaborée à partir de la fermentation de jus de poires. Frédéric Pacory en extrait habituellement 50 000 litres par an. Cette année il devra se contenter de 10 000.
Risque de pénurie ?
Pour autant, la récolte de l'année 2020 était très bonne, estime le poiréculteur. Son stock lui permettra de tenir encore un an. "La difficulté sera sûrement à l'hiver 2022" quand le stock sera épuisé et avant la commercialisation des nouvelles bouteilles.
Thomas Pelletier, représentant des producteurs de pommes du Calvados au sein de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), l'affirme : les producteurs de poires vont connaître une baisse drastique de leur production qu'il estime à 80 voire à 90%.
Quant aux producteurs de pommes, l'année n'a pas été florissante pour tout le monde. Entre 10 à 15% de pertes pour cette année 2021, estime encore le président de la FNSEA du Calvados.