Le père Noël qui décorait le clocher de l'église d'Auguaise dans l'Orne, a été prié d'en redescendre. Le prêtre de l'église est intervenu déclenchant la colère de la maire du village. Depuis, un vent polaire souffle entre la mairie et le prêtre de la paroisse.
"Je suis étonnée de la tournure que les choses ont prise, c'est déplorable et consternant ! Il y a quand même d'autres chats à fouetter en ces temps mouvementés", s'agace Sylvie Moléro, la maire d'Auguaise. Le village de 200 habitants s'était paré en vue des fêtes de fin d'année et le père Noël, habituellement accroché dans un arbre, s'était élevé de quelques mètres pour décorer le clocher de l'église du village.
On ne mélange pas le profane et le sacré
"Le soir même, le samedi à 19h30 j'ai reçu un appel du père Loïc Gicquel Des Touches pour me demander expressément de décrocher le père Noël ; j'ai essayé de discuter, en vain. Il a mis en avant la loi de 1905 de la séparation entre l'Eglise et l'Etat."
La maire n'entend pas cet argument : "On n’en est plus au temps de Don Camillo et de Peppone. Je suis très respectueuse de la religion. Sur notre site municipal, on indique les temps de prière et de messes. La mairie organise même un pot à la sortie de la messe de la Saint Médard. La loi de 1905 n'est valable que dans un seul sens !". Dépitée, la maire affirme qu'à l'avenir, elle ne communiquera plus auprès des paroissiens et habitants les informations liées au culte.
Cette affaire de clocher serait remontée au plus haut. "L'évêché a été mis dans la boucle parce que le lundi matin la décoration n'était toujours pas enlevée. Les pompiers sont intervenus dans l'après-midi. De mon côté, j'avais contacté la préfecture pour savoir s'il fallait vraiment le faire enlever."
De fait, si la mairie est propriétaire de l'église, le bâtiment est mis à disposition du clergé et des paroissiens. Le diocèse rappelle que son affectation revient à l'Eglise catholique. D'ailleurs le guide à l'usage des maires et des affectataires pour les édifices cultuels mis en ligne par le ministère de la culture indique dans l'alinéa 6 que " la commune propriétaire ne peut disposer de l'église de sa seule initiative."
"Ça partait d'un acte bienveillant"
Il a donc fallu ôter la décoration de Noël incriminée, même si elle était posée à l'extérieur de l'édifice. Sylvie Moléro tempère en reconnaissant toutefois :" je n'avais pas demandé l'autorisation, mais c'est possible dans plein de communes ailleurs en France, je me suis renseignée avant de le faire. Ça partait d'un acte bienveillant."
Descendu du ciel, certes un peu tôt, le père Noël d'Auguaise se serait sûrement passé de ces tensions en période de fêtes.