Cinq jours de gel consécutifs ont gravement compromis la récolte de pommes à cidre. Une grande partie du verger normand est touché.
Les pertes sont encore difficiles à estimer. La profession appelle à l'aide et demande la reconnaissance de la calamité agricole.
C'est un printemps qui tient plus d'une saison en enfer pour les producteurs de pommes à cidre. Et pourtant, la récolte s'annonçait plutôt belle cette année. Après les pluies de l'an dernier qui avait gâché la saison, les producteurs s'attendaient à "une grosse année", selon Emmanuel Gouëllo, cidriculteurs dans l'Orne, avec "une belle pollenisation et un retour en fruit".
Il y a quelques jours pourtant, Agrial, poids-lourd du secteur, changeait son fusil d'épaule et demandait à ses adhérents d'arracher une partie de leurs arbres. Mais la coopérative table maintenant sur une baisse de la récolte de 20 à 30%, une baisse qui n'est pas de son fait et vient d'activer son fond d'idemnisation, selon nos confrères de Ouest-France.
Car à la mi-avril, la météo et ses caprices sont venus jouer les troubles-fêtes. A Teillières-le-Plessis, dans l'Orne, une gelée blanche est tombée sur les vergers le 20 avril. Et pendant une semaine, tous les matins, le mercure ne parvenait pas à dépasser le 0, plongeant même jusqu'à 8 degrés. "Au bout de 2-3 jours, on s'est aperçu que s'était grillé comme si on avait passé un désherbant sur les arbres, là ça a été le coup de bambou, psychologiquement c'est dur à avaler. Notre travail de plusieurs années s'en va", raconte Emmanuel Gouëllo, cidriculteur.
"Une assurance gel est hors de prix"
Dans la région, une soixantaine de producteurs ont constaté des dégâts similaires sur leurs vergers, avec des pertes allant de 20 jusqu'à 80 % de la production. "C'est très compliqué de s'assurer, une assurance gel est hors de prix donc les producteurs qui ne pourront pas avoir de récolte seront 100% sinistrés", explique Thomas Pelletier, président de la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits à Cidre La profession a donc décidé de lancer un appel à l'aide et demande à l'Etat de reconnaître la calamité agricole.Plus souvent appliquée à la sécheresse ou aux inondations, la calamité agricole désigne les "dommages résultant de risques, autres que ceux considérés comme assurables, d'importance exceptionnelle dus à des variations anormales d'intensité d'un agent naturel climatique". Pour bénéficier d'une indemnisation, une exploitation doit avoir subi une perte supérieure à 30% de ses récoltes.
Reportage de Laïla Landry, Pierre-Marie Puaud et Patrick Mertz
Intervenants:
- Emmanuel Gouëllo, cidriculteur
- Thomas Pelletier, président de la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits à Cidre