C'est un sujet méconnu et parfois tabou. La précarité menstruelle touche pourtant 1,7 million de femmes en France.
La ville de Canteleu épaulée par des associations, organise ce week-end dans les supermarchés de la commune une collecte de produits d'hygiène féminine.
C'est une situation que l'on cache, mais une réalité concrète pour les femmes dans la précarité.
En France, nombreuses sont celles qui n'ont pas les moyens de s'acheter chaque mois leurs protections hygiéniques. Et c'est alors le système D qui prévaut : papier toilette, coton, et même papier journal pour les femmes qui vivent à la rue, font office de protections hygiéniques.
Une situation dénoncée par de nombreuses associations, et relayée ce week-end par la ville de Canteleu.
Car ce phénomène de précarité menstruelle est loin d'être anecdotique. Les règles ont un coût. On estime qu'une femme aura près de 500 fois ses règles dans sa vie entre ses premières menstrues et la ménopause." Ca reste un tabou, on a un peu honte de dire qu'on a pas les moyens de se procurer ce type de produits, alors on fait avec de la récupération...bout de tissu, papier journal pour les plus démunies " Charlotte Caccialupi, coprésidente de l'association Sang Rancune 76
D'après une étude du Monde, le budget mensuel consacré à l'achat de produits d'hygiène intime est estimé à 10 euros. Un budget élevé lorsque l'on a déjà des difficultés à se nourrir ou se vêtir.
Les femmes sans domicile et les étudiantes pauvres sont les plus touchées
Parmi les femmes les plus touchées, on compte d'abord celles qui n'ont pas de domicile fixe. Aux difficultés financières s'ajoute le parcours du combattant pour trouver un lieu d'hygiène.On estime à 40 000 le nombre de femmes à la rue en France, potentiellement touchées par la précarité menstruelle.
Les étudiantes précaires sont aussi particulièrement concernées.
On estime que 19% des étudiants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Rapporté au nombre de femmes dans l'enseignement supérieur, 270 000 étudiantes seraient ainsi dans le besoin.
La précarité menstruelle touche aussi les détenues, et toutes les femmes qui ont des difficultés financières dans leur vie quotidienne.
Solidarité envers les femmes
Dans les rayons des supermarchés de Canteleu participant à la collecte, ce sont parfois les hommes qui en parlent de mieux. Comme ce père de trois filles, solidaire des difficultés des femmes.
"Je sais qu'il y a plein de jeunes filles à rouen ou dans d'autres villes qui sont SDF. Je les aide comme je peux avec un peu d'argent ou de nourriture. Mais quand je peux aider pour ça -les protections périodiques-je le fais aussi . J'ai trois filles et je sais qu'une fille ne peut se passer de ça !"
L'enjeu est à la fois humanitaire et sanitaire. Au delà de l'inconfort, une femme qui ne peut changer souvent de protection hygiénique peut aussi développer des infections.
Le gouvernement annonce une expérimentation de gratuité des protections périodiques
Le gouvernement a annoncé le mercredi 12 février une expérimentation en 2020 sur la gratuité des protections hygiéniques pour les femmes précaires.
S'appuyant sur deux rapports parlementaires, les cabinets de Marlène Schiappa, secrétaire d'état chargée de l'égalité femme homme, et celui de Christelle Dubos, secrétaire d'état auprès de la ministre chargée des Solidarités et de la Santé, ont décidé de faire de la lutte contre la précarité menstruelle une priorité.
L'expérimentation dotée d'1 million d'euros, se fera dans plusieurs lieux collectifs.
Les rapports parlementaires préconisent en effet l'installation de distributeurs de protections périodiques dans des lieux publics, auxquelles les femmes dans la précarité auraient accés avec des cartes pré payées.