Attaques de brebis : le loup est-il de retour en Seine-Maritime ?

Est-ce le cadavre d'un loup qui a été retrouvé le long de l'autoroute A131 à Sandouville (Seine-Maritime), entre Tancarville et le Havre ? Une autopsie doit être pratiquée sur le corps de ce "grand canidé". S'il s'agit bien d'un loup, cela pourrait expliquer certaines attaques de bétails enregistrées ces derniers jours dans ce secteur.

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Un loup se cache-t-il derrière les attaques de brebis près du Havre et Fécamp ? Trois attaques ont eu lieu en moins d'une semaine dans le Pays-de-Caux, en Seine-Maritime. Dans la nuit du vendredi 10 à samedi 11 janvier 2025, une brebis a été retrouvée égorgée à Daubeuf-Serville, près du Havre (Seine-Maritime), avec des traces de prédation sur le flan. 

Quelques jours plus tard, c'est à Gonfreville-Caillot, le 15 janvier, que trois brebis ont été prises pour cibles. Ces dernières s'en sont sorties vivantes grâce au bélier qui les a défendues, mais des traces de pattes "semblables à celles d'un loup" ont été retrouvées dans la boue. L'OFB (Office Français de la Biodiversité) est venu faire des relevés d'empreintes et mène l'enquête.

 

Une empreinte de patte, "semblable à celle d'un loup", identifiée à Gonfreville-Caillaut après l'attaque de trois brebis. © Facebook Vigilance Loup Seine-Maritime

 

Même scénario à Épreville, près de Fécamp, dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 janvier 2025 : les brebis n'ont pas été tuées, mais des "traces de prédation fortes au niveau de la gorge, rappellent les blessures d'il y a un an", nous explique Olivier, responsable de la page Vigilance Loup Seine-Maritime.

Une impression de déjà-vu

En tout, sept brebis ont été attaquées en moins d'une semaine. Coïncidence ou fruit du hasard ? "On a l'impression de revivre la même chose que l'année dernière, c'est le même scénario." Fin janvier 2024, une dizaine de moutons, avaient été violemment blessés ou tués par un animal en seulement deux semaines. Olivier, qui vit à Froberville, avait d'ailleurs fait une macabre découvertedeux de ses moutons étaient tués de morsures à la gorge et en partie éventrés par un animal.

"J'ai vu un carnage. Roméo, mon agneau de moins d'un an, avait des plaies profondes et ses organes sortaient de son corps. J'ai retrouvé une autre de mes brebis qui avait les mamelles dévorées et dont le corps gisait dans ma mare. Mes deux autres bêtes avaient des traces de morsures à la gorge. C'était une vision d'horreur, un cauchemar", se remémore le Normand.

Une brebis a été retrouvée égorgée à Daubeuf-Serville, samedi 11 janvier 2025. © Vigilance Loup Seine-Maritime

Un canidé avait été alors retrouvé percuté quelques jours plus tard par une voiture à Manéglise et les analyses ADN avaient parlé, il s'agissait bien d'un loup. "Après la découverte du cadavre, on n'a plus du tout eu d'attaques", nous raconte Olivier, "et là, ça recommence avec le même scénario !".

La dépouille d'un "grand canidé" retrouvé

Alors le loup est-il de retour dans le Pays de Caux ? Mauranne en est certaine, elle a vu un loup traverser la route devant elle dimanche 12 janvier. "J'étais en voiture, il était environ 17h30 du côté de Bréauté. Il y avait du brouillard, mais je suis sûre d'avoir vu un loup passer à 30 mètres de ma voiture !"

À lire aussi : Normandie : doit-on avoir peur du loup ?

Vendredi 17 janvier, la dépouille d'un grand canidé a été retrouvée sur l'A131 entre Tancarville et le Havre, à hauteur de Sandouville, à la suite d'une collision avec un véhicule (les fractures présentes sur le cadavre de l'animal en témoignent)."Toutes les caractéristiques qu’il présente sont typiques du loup mais pour en être certain, il faut aller voir l’ADN", indique Cyril Teillet, chef adjoint du service environnement à la DDTM, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer de la Seine-Maritime.

Les analyses sont en cours de réalisation. "Les prélèvements ont été fait ce mardi matin, il va falloir maintenant attendre entre un et deux mois".

Y a-t-il vraiment des loups en Normandie ?

Cela faisait un siècle qu'il avait disparu, mais depuis 2019, le prédateur semble peu à peu réapparaître en Normandie. "On n'avait pas vu de loup en Normandie depuis un siècle, car c'était un animal pourchassé et réduit à l'extinction dans notre région, mais depuis quelques années, on fait face à des épisodes ponctuels qui deviennent de plus en plus réguliers", nous explique Clémence Méheust, qui effectue une thèse sur la présence du loup en Normandie à l'université de Caen (Calvados).

En avril 2020, un amateur avait récupéré des clichés sur lesquels apparaissait une bête ressemblant à un loup à Londinières, à l'est de la Seine-Maritime. Des agents de l'OFB et des techniciens étaient venus dans le secteur pour y faire des relevés d'empreintes, de poils et capter d'autres clichés. La présence d'un loup était alors confirmée dans le secteur, une bête solitaire qui serait arrivée des Alpes.

    Sur notre territoire, les loups sont bien souvent repérés seuls : 

    Le loup fonctionne en meute, mais seuls les dominants peuvent se reproduire. Les jeunes individus finissent par se disperser et peuvent parcourent plusieurs centaines de kilomètres pour trouver un territoire non occupé pour former sa propre meute.

    Clémence Méheust, chercheuse sur la présence du loup en Normandie

    Il reste cependant difficile d'expliquer sa présence sur les terres normandes. La région peut-elle satisfaire les exigences écologiques de l'espèce pour s'établir en meute ? "Au départ, je pensais que le loup allait préférer les massifs forestiers de l'Orne, là où il y a moins d'axes routiers et de population et finalement, c'est en Seine-Maritime, sur le département le plus peuplé de la région, que des espèces ont été retrouvées".

    Le loup semble aujourd'hui faire face à une grande capacité d'adaptation, même si pour l'instant plusieurs ont fini écrasés par des véhicules. En 2023, dans la Manche, un canidé avait été aperçu dans le marais de Carentan. Une espèce imprévisible et pleine de mystère.

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