Les laboratoires de biologie médicale sont appelés à la grève à compter du 9 janvier 2023, et ce pour une semaine. En Normandie, comme sur le reste du territoire national, la plupart seront donc fermés. Ils comptent protester contre une disposition du projet de loi de financement 2023 de la Sécurité sociale.
L'Alliance de la biologie médicale (ABM), qui fédère l'ensemble des acteurs du secteur en France, appelle les laboratoires à une grève nationale du 9 au 15 janvier 2023. Seuls les prélèvements urgents seront traités. Le mouvement risque d'être très suivi tant la colère gronde dans le secteur. Les biologistes entendent protester contre les prélèvements financiers et les économies imposées par le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2023 (LFSS), qui doit entrer en vigueur le 1er février.
En novembre dernier, un premier mouvement de grève de trois jours avait été suivi par 90% des laboratoires. Et depuis le 2 janvier, les laboratoires ont arrêté de faire remonter les résultats des tests Covid dans la base de données SIDEP permettant au ministère de la Santé de suivre l'évolution de l'épidémie en France. Avec cette nouvelle grève d'une durée inédite, les biologistes durcissent le ton.
"Les laboratoires font des bénéfices hors-normes. 3 milliards en 2021 qui viennent de la Sécu et des Français ! Cette grève est irresponsable", a jugé le ministre de la Santé François Braun sur France 2 le 5 janvier.
Les laboratoires fermés en Normandie
Les 15 laboratoires BioLBS de Seine-Maritime ont annoncé rejoindre le mouvement. "En raison d'un mouvement de mobilisation de l'ensemble du secteur de la biologie médicale contre un projet gouvernemental de baisse drastique des financements de la biologie de routine, nous vous informons que nos laboratoires sont fermés du 9 au 15 janvier 2023 pour grève", écrit BioLBS sur son site Internet.
Le laboratoire BioLBS d'Isneauville, en Seine-Maritime suit la grève ce lundi 9 janvier. Carole Polet, infirmière libérale, qui a pu accéder au laboratoire ce matin, se dit solidaire du mouvement.
En Normandie, la plupart des laboratoires Cerballiance seront aussi fermés, exceptés ceux de Cherbourg-en-Cotentin et de Granville. Ils ont néanmoins pris leurs dispositions pour que les prélèvements urgents puissent être traités. "Tous les professionnels de santé, établissements de soins et services d’urgence ont été avertis", explique un communiqué publié sur le site Internet de Cerballiance. En cas de suivi de chimiothérapie, Cerballiance conseille de contacter une infirmière libérale pour son prélèvement. "Il sera pris en charge dans nos laboratoires", assure le communiqué.
De leur côté, les laboratoires Synlab de la région annoncent que l'activité de leurs laboratoires d'analyses "sera totalement suspendue" pendant une semaine. "En cas d'urgence nous vous invitons à vous diriger vers l'établissement de santé le plus proche", écrivent-ils sur leur site.
Les raisons de la colère
Dans une lettre ouverte au président de la République le 6 juin 2023, l'Alliance de la biologie médicale souligne : "Les milliers de biologistes médicaux et leurs collaborateurs ont toujours répondu présents aux politiques sanitaires publiques. [...] Pourtant, aujourd’hui, ce même gouvernement exige, sans dialogue possible, de 'rembourser'1,3 milliard d’euros au titre des bénéfices COVID [pour les années 2023 à 2026, ndlr]. Que dirait-on si, dans un contexte de crise, un chef d’entreprise demandait à ses employés de faire des heures supplémentaires et décidait finalement de ne pas les payer et de baisser leurs salaires ?"
À court terme, la suppression de plus de 10 000 emplois directs et la fermeture de 400 sites de proximité, notamment dans les déserts médicaux, sont inévitables.
Lettre ouverte de l'Alliance de la biologie médicale à Emmanuel Macron
"Les biologistes médicaux sont pourtant très clairs sur leur position : oui à l’effort, non au rabot ! C’est pourquoi, en responsabilité, nous avons proposé à l’Assurance maladie de rétrocéder près de 700 millions d’euros soit 80% de nos bénéfices COVID, alors même que nous avons investi massivement pour répondre à l’urgence sanitaire", poursuit l'ABM dans sa lettre. "À court terme, la suppression de plus de 10 000 emplois directs et la fermeture de 400 sites de proximité, notamment dans les déserts médicaux, sont inévitables", prévient-elle.